8 février 2015.
Je
fonctionne souvent par « phases », dans mes lectures. Pendant une
période, je vais lire beaucoup de récits de voyage, de toute sorte, depuis les
relations de voyage de Christophe Colomb ou de Magellan jusqu’à des récits
contemporains de pérégrinations au Japon ou je ne sais où… Toutes mes lectures
vont tendre vers ce genre de narration, et ça va même dépasser la
lecture : je vais rechercher des documentaires vidéo sur le sujet,
rechercher des renseignements sur les caravelles, par exemple, ou sur la
cartographie de l’époque.
En
ce moment, et depuis déjà un certain temps, je m’intéresse surtout aux récits
de guerre, qu’il s’agisse de romans ou de récits historiques. À vrai dire, ces
« phases » vont et viennent, et se répètent. Je peux, durant un ou
deux mois, ne lire que des livres sur la guerre – et voir des films de guerre,
des documents historiques, etc. –, puis ne plus m’intéresser qu’à Stendhal, par
exemple, ou à une certaine période littéraire, pendant encore un bon moment…
pour revenir à la guerre par des chemins détournés…
Je
suis plongé dans un livre de l’historien John Keegan sur la Première Guerre
mondiale, et j’ai en vue de nombreux autres ouvrages sur la Guerre de Sept ans
ou sur les soldats de la Grande Armée – et je ne dois qu’à mes finances
désastreuses de ne pas les avoir encore acquis. Ma prochaine lecture sera donc
certainement un recueil de nouvelles d’Ambrose Bierce, Morts violentes, qui se trouve dans ma bibliothèque depuis
longtemps. Il est toujours rassurant de posséder des livres qu’on n’a pas
encore lus, pour ces moments où le moindre achat devient un problème…
Je
partage cette curiosité pour les récits de guerre avec Jean-Yves Jouannais, qui
depuis 2006 s’est lancé dans ce projet monumental de L’Encyclopédie des Guerres, interminable work in progress qu’il dévoile petit à petit au rythme de
conférences mensuelles au Centre Pompidou. Ces conférences, évidemment, je les
ai toutes regardées sur le site Internet qui leur est consacré, en prenant des
notes, et je ressors de chacune d’elles avec de nouvelles envies de lecture.
C’est une contamination.
11 février 2015.
Soirée
DVD avec Kagemusha, de Kurosawa.
Toujours la guerre, évidemment, et notamment la bataille de Nagashino (1575),
durant laquelle la charge de cavalerie des Takeda est stoppée nette et anéantie
par les arquebusiers du clan Nobunaga. Kurosawa y ajoute une histoire de double
purement fictive (du moins je le crois, n’étant pas vraiment un spécialiste de
l’histoire du Japon), le daimyo
Takeda Shingen s’étant débrouillé pour que sa mort soit cachée à ses ennemis et
à ses alliés durant trois années, pendant lesquelles un sosie prend sa place.
Mais
le film de Kurosawa m’intéresse aussi parce qu’il touche un sujet proche de
celui de mon roman : comment, du jour au lendemain, devenir un
autre ? Comment renoncer à sa vie pour embrasser la vie d’un autre ?
Il est vrai que cette question est à peine effleurée : le kagemusha, le « double » de
Shingen, est un voleur, un vaurien qui ne doit qu’à sa ressemblance avec le daimyo d’avoir la vie sauve. Il doit
donc renoncer à une vie de rapines pour devenir chef de clan, sacrée
promotion ! Ce qui le torture, en revanche, c’est l’importance du rôle
qu’il doit soudain tenir, lui qui n’était qu’un misérable et qui doit soudain
diriger une armée…
15 février 2015.
Au
fond, je me pose la même question que Jean-Yves Jouannais dans son Encyclopédie des Guerres : en quoi
la guerre m’intéresse-t-elle ? Pourquoi se passionner pour les machines de
siège, les grandes batailles historiques, les mouvements de troupes ou la
castramétation, quand on n’a pas soi-même fait le service militaire ? Sans
compter qu’à l’époque où j’aurais dû faire le mien, c’était une hantise
permanente : je voulais par-dessus tout poursuivre mes études suffisamment
longtemps pour y échapper, ce qui fut le cas en 2002, lorsque le service
obligatoire fut abandonné.
Bien
sûr que, dans cet intérêt pour la stratégie militaire, la certitude que je ne
porterai jamais d’arme a un rôle à jouer. Ma curiosité se pose sur ce qui m’est
le plus étranger. Si je me suis beaucoup penché sur la psychologie des tueurs
en série, c’est que l’idée même d’attenter à la vie d’un être humain, voire d’un
animal, m’est difficilement concevable. Et c’est généralement lorsque je n’ai
plus voyagé depuis longtemps que je ressens une boulimie de récits de voyages…
Il s’agit toujours de vivre par procuration. Le courage du soldat sur le champ
de bataille est un sentiment qui me semble incompréhensible, à moi qui suis
d’une lâcheté physique inébranlable. Je me souviens de belles pages sur le
sujet dans La Peur de Gabriel
Chevallier, à retrouver… C’est ce qui me fascine dans la Première Guerre
mondiale, ces millions d’hommes qui n’étaient pas des soldats « de
métier », qui étaient agriculteurs, ouvriers, employés de bureau, et qui
ont dû apprendre à charger sous le feu de l’ennemi, Lebel en main et la peur au
ventre. Nous qui sommes d’une génération qui n’a pas connu la guerre, et qui
avons la certitude de ne jamais être mobilisés malgré nous dans un conflit,
nous n’avons que notre imagination pour comprendre ce sentiment. C’est le sujet
d’une nouvelle que j’aimerais écrire, d’ailleurs : le baptême du feu d’un
soldat, en 1914 – mettons lors de la bataille de Virton, le 22 août – sa
découverte de la peur, de la mort, de la folie…
Ce
qui est plus difficile à expliquer, et à admettre, c’est l’aspect ludique de la
guerre. Tous les enfants ont joué à la guerre, tous continuent de le faire,
avec des épées de bois ou une manette de jeux vidéo. Les enfants comme les
adultes, d’ailleurs : combien, passé la trentaine, continuent à jouer à Company of Heroes, à Battlefield ou à Total War ? Suivez mon regard convergeant… Après tout,
peut-être que la guerre a d’abord été un jeu d’enfants, que des adultes ont
fini par prendre au sérieux, s’armant de pierres, de lances, de boucliers, et
mettant les innovations technologiques au service de leur passion sanglante…
1er mars 2015.
Invasion of the Body Snatchers passe au Cinéville, je ne peux
évidemment pas le rater, d’autant plus que son sujet n’est pas tellement
éloigné de celui de mon roman. Le titre français, L’Invasion des profanateurs de sépultures, est un non-sens total,
sans doute dû à des traducteurs qui n’ont pas vu le film : il s’agit de
plantes extraterrestres qui donnent naissance à des créatures ressemblant trait
pour trait aux personnes vivant à proximité – et qui prennent leur place. Les
proches de ces personnes, une nièce, un fils, une épouse, savent qu’ils sont en
présence d’un imposteur, que ce n’est plus leur oncle, leur mère, leur mari
qu’ils ont en face d’eux – mais personne autour d’eux ne les croit, et ils
finissent, eux aussi, par être remplacés… C’est cette impression d’étrangeté
que je peux utiliser dans mon roman. La femme du personnage principal ne
reconnaît évidemment pas son mari qui lui revient dans le corps d’un autre,
elle le rejette, mais elle ne peut s’empêcher d’être troublée : il y a des
regards, des gestes, une certaine façon de se tenir, de parler, qui lui
rappellent l’homme qu’elle aime. À l’inverse, la petite amie de l’individu
qu’il est devenu reconnaît physiquement
son compagnon, mais de nombreux petits détails lui font comprendre que ce n’est
pas lui.
7 mars 2015.
Drôle
de type que cet Ambrose Bierce, dont je connaissais jusqu’à présent surtout le
fameux Dictionnaire du Diable, et
dont je lis le recueil de nouvelles intitulé Morts violentes. Moi qui ne me sens écrivain qu’à défaut d’être
homme, ou, pour le dire plus clairement, qui suis un personnage presque trop
« littéraire » pour être acteur de ma propre vie, je suis toujours
surpris devant des individus qui parviennent à cumuler le métier des armes et
celui de l’écriture. Bierce, le fils de paysans, a donc débuté comme homme à
tout faire dans les salles de rédaction avant de rejoindre l’école militaire et
de s’engager aux côtés de l’Union pendant la Guerre de Sécession. Il y obtient
une blessure à la tête qui ne le dissuade pas de combattre et de participer à
la Conquête de l’Ouest. Devenu journaliste et écrivain, il perd ses deux fils,
le premier s’étant suicidé et le second noyé dans l’alcool, et reprend les
armes en 1913, aux côtés de Pancho Villa. Et c’est là qu’on perd définitivement
sa trace.
Seul un combattant, je
pense, pouvait offrir de telles descriptions de la mort, de la peur, de ce que
la guerre fait subir aux corps. Chaque nouvelle de Morts violentes est saisissante par la crudité de ses visions, et
par ce réalisme qui confine au surnaturel. Pas étonnant, quand on lit Un Cavalier en plein ciel ou Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek,
que les critiques de l’époque aient comparé le style d’Ambrose Bierce à celui d’Edgar
Poe. Pourtant, chez Bierce, tout est vrai, cruellement vrai – et l’impression
de se trouver face à une scène fantastique naît justement de cette réalité
brutale, inimaginable…
10 mars 2015.
J’éprouve
de plus en plus de difficulté chaque semaine à trouver un thème pour ma Bibliothèque de Jupiter. J’ai décidé
depuis longtemps déjà – septembre ou octobre, je pense – que j’y mettrai un
terme à la fin de ce mois. J’avais lancé ce projet la dernière semaine de mars
2013, cela fera donc tout juste deux ans : il est temps que cela s’arrête.
Je dois malgré tout éviter de déserter mon blog. J’aimerais écrire des
nouvelles, de façon assez régulière – une par mois, peut-être, si j’arrive à
m’imposer ce rythme – et continuer à écrire des textes sur n’importe quel sujet,
sans la contrainte de coller au « format » de mes chroniques
jupitériennes…
14 mars 2015.
Devenir
ce que j’ai toujours voulu être. Devenir ce que je suis, pour reprendre un
cliché – et Dieu sait que les clichés sont là pour être repris. J’ai toujours
su qu’au fond, je ne savais rien faire d’autre qu’écrire. « Bon qu’à
ça », comme dirait l’autre. Et dessiner, un peu, aussi. Lorsque je dis que
je sais écrire, c’est sans aucune prétention de ma part, du reste. Je sais que
j’ai un petit style pas désagréable, et je maîtrise plutôt bien l’orthographe.
Et surtout, j’aime écrire, je n’aime
que ça, et je me morfonds quand les contraintes d’un travail salarié,
« honnête », me tiennent éloigné de mon clavier. Quelle absurdité, de
ma part, d’avoir pu penser un seul instant que, parce que j’aimais les livres,
j’allais éventuellement m’épanouir dans le métier de documentaliste ! Je
sais maintenant à quel point j’ai pu me leurrer sur le sujet : il fallait
faire quelque chose, toujours cette tyrannie du faire, et quitte à choisir, pourquoi pas faire ça ? Mais si je
m’écoute vraiment, je sais bien que je ne veux pas de ça – jamais de la
vie ! Et voilà que j’ai discuté avec Y., qui s’est depuis peu établi comme
« rédacteur indépendant », et qui m’a proposé de me refiler
quelques-uns de ses « plans », puisqu’il quittera bientôt la région.
Et me voilà parti à m’imaginer enfin libéré du joug de l’Éducation nationale, devenant
moi aussi « rédacteur indépendant », et ne faisant plus que ça,
écrire… Pari risqué, évidemment, et soumis à pas mal d’écueils : tout cela
n’est encore qu’au stade de l’hypothèse, du possible… Mais si jamais je pouvais
saisir cette perche là, prendre ce risque… Ne nous emballons pas trop vite,
tout de même.
15 mars 2015.
American Sniper, de Clint Eastwood. Excellent
film, où l’on suit un homme que le talent et la précision ont transformé en
légende, et qui est partagé entre la nécessité de défendre sa patrie, de
protéger ses hommes, et celle d’être un mari et un père. Comment être présent
pour sa famille quand on doit assurer la protection de ses compagnons
d’arme ? Cela donne de très belles scènes durant lesquelles Chris Kyle,
« la légende », est au téléphone avec sa femme tout en procédant à
une opération militaire extrêmement dangereuse. Avec, constamment, cette
question : comment peut-on rester humain, comment peut-on prendre sa femme
dans ses bras, ses enfants sur ses genoux, quand notre métier consiste à tuer à
distance des soldats, mais aussi des femmes et des enfants ? Il faudra,
pour qu’il accepte de poser son fusil à lunette, que Chris comprenne enfin
qu’il existe plusieurs manières d’être utile à son pays, et de sauver des gens.
22 mars 2015.
Je
lis Les Évaporés du Japon, une
enquête sur le phénomène des disparitions volontaires. Un phénomène qui est
loin de ne concerner que le Japon, évidemment, mais qui est tellement fréquent
là-bas qu’il existe des organismes spécialisés dans ces affaires, et des
entreprises de « déménagement » qui s’occupent d’aider les personnes
qui le souhaitent à disparaître. C’est un sujet qui me touche de près, moi qui
passe ma vie à chercher à m’absenter de tout, et surtout de moi-même… Rien
d’étonnant à ce que le phénomène ait pris une telle ampleur au Japon, où tout
est affaire d’honneur, et où la pression sociale, familiale, professionnelle
est si forte. Aucune place pour le raté, le faible ou le timoré : celui
qui s’est déshonoré, qui ne peut avouer à sa famille son échec à un examen, son
licenciement ou sa faillite financière, n’a guère d’autres choix que le suicide
ou la fuite ; et la fuite n’est qu’un suicide déguisé.
Curieux,
d’ailleurs, ce terme : « évaporé »… Ces hommes et ces femmes ne
sont évaporés, disparus, qu’au regard de leurs proches, de la société. Comment
quelqu’un pourrait-il prétendre avoir disparu ?
On ne disparaît pas à ses propres yeux, puisqu’on s’emmène toujours avec soi…
La disparition n’est jamais qu’un vœu irréalisable, une tentation toujours
déçue. On « disparaît » parce qu’on ne parvient plus à assumer son
rôle social, les pressions professionnelles, familiales, et parce qu’on ne veut
pas se suicider. En s’en allant, on cherche à se défaire de tous ces fardeaux
pour repartir de zéro. Seulement, on ne repart jamais de zéro, et ces fardeaux,
ils nous suivent où qu’on aille… Je ne crois pas qu’il existe des
« évaporés » heureux.
25 mars 2015.
Dans
le cadre des Reflets du cinéma japonais, le Cinéville projetait justement ces
jours-ci L’Évaporation de l’homme, un
film de Shohei Imamura – deux séances que j’ai évidemment ratées. Je me suis donc
rattrapé en achetant le DVD, que je regarde ce soir. Il s’agit d’un film qui se
présente comme un documentaire autour de la recherche d’un homme qui a disparu
en abandonnant son travail, sa famille, sa femme – documentaire qui se dénonce
lui-même comme fiction au bout d’un moment, exposant les décors, la mise en
scène, sans cesser de poursuivre l’enquête autour de cette disparition, et
l’exploration du conflit opposant la femme de l’« évaporé » à sa
propre sœur. Si le livre de Léna Mauger sur Les
Évaporés du Japon propose des témoignages d’individus ayant décidé de se
retirer de toute vie sociale, le film d’Imamura choisit le point de vue de la
femme abandonnée. On est bien, ici, en présence d’une
« évaporation » : le sujet est manquant, l’homme dont il est
question tout au long du film a bel et bien disparu. Sa femme, ses parents, ses
collègues, ses amis, sa belle-sœur ne peuvent que s’interroger sur les motifs
de cette fuite, aucune réponse satisfaisante ne sera apportée. Que se
passe-t-il quand un homme disparaît ? Faut-il, un jour, le déclarer
mort ? L’homme dont parle Imamura est un mystère, une béance. Les
individus rencontrés par Léna Mauger sont des réponses, ou tout au moins des
éléments de réponse…
26 mars 2015.
Autre
élément de réponse, dans l’excellent Disparaître
de soi, du sociologue David Le Breton : « La blancheur est un engourdissement, un laisser-tomber né de la
difficulté à transformer les choses. Dans cet univers de la maîtrise qui
s’impose dans l’ambiance de nos sociétés néolibérales, elle est une paradoxale
volonté d’impuissance. Cesser de vouloir contrôler son existence et se laisser
couler. Elle est une recherche délibérée de la pénurie dans le contexte social
de la profusion des objets ; une passion de l’absence dans un univers marqué
par une quête effrénée de sensations et d’apparence ; un souci de
dépouillement là où l’ambiance sociale est hantée par l’emprise des
technologies et l’accumulation des biens ; une volonté d’effacement face à
l’obligation de s’individualiser. Paradoxale préférence du moins au détriment
du plus. À l’hypervigilance requise pour continuer à exercer son autonomie, il
adopte le degré a minima de la
conscience. Il ne souhaite plus communiquer, ni échanger ; ni se projeter
dans le temps, ni même participer au présent, il est sans désir, il n’a rien à
dire. Il préfère voir le monde d’une autre rive. »
27 mars 2015.
Parfois
la fatigue, l’engourdissement, favorisent la « disparition de soi »,
et parfois c’est le contraire. Alors que j’éprouve en ce moment un désir
intense de me désabonner de la vie sociale, l’épuisement où je me trouve
m’amène à ressasser mes angoisses, mes idées noires ; je n’ai pas la force
de fermer mon robinet à pensée, tout me ramène à ma misère.
28 mars 2015.
Ce
soir, je vais voir le film d’Oshima, Furyo.
David Bowie et Ryuichi Sakamoto dans un duel de regards, un rapport ambigu et
perturbant dans un camp de prisonniers britanniques. Avec un Takeshi Kitano à
l’ivresse bienveillante…
12 avril 2015.
Sortie cinéma
entre amis pour le film de Quentin Dupieux, Réalité.
Il y a peu de monde dans la salle, mais on a tous très envie de rigoler, et on
le fait dès les bandes annonces et les publicités, qui semblent déjà être des
parodies signées Dupieux. Le film est un jeu constant entre le rêve et la
réalité, avec Alain Chabat et Jonathan Lambert, et la toute jeune
comédienne Kyla Kenedy, dont je me suis demandé pendant tout le film où j’avais
bien pu la voir jouer… avant de réaliser que c’était tout simplement dans la
quatrième saison de The Walking Dead !
Faux-semblants, film dans le film, rêve dans le rêve : un grand moment
d’eczéma mental. Le plus drôle étant que le film semble continuer même au
moment où nous sortons du cinéma, puisque nous n’empruntons pas la bonne sortie
et que nous nous retrouvons en extérieur, sur une passerelle, mais toujours
dans l’immeuble du cinéma. Un fou rire nous prend à nous croire tombés dans une
sorte de monde parallèle, et un oiseau surgi de nulle part fonce sur nous. Nous
poussons une nouvelle porte, retournons dans des couloirs et débouchons enfin
sur le quai Gambetta, sous les lumières et le vacarme de la fête foraine. Comme
le dit l’un d’entre nous : « C’était notre meilleure sortie de la
semaine ! » Notre meilleure sortie du cinéma, bien sûr…
21 avril 2015.
Quand
on pense qu’avant le 7 janvier dernier, le 21 avril était notre 11 septembre…
22 avril 2015.
Un
jour, j’écrirai une vaste saga consacrée à une famille de zombies taciturnes.
J’appellerai ça Les Bougons Macchabs.
30 avril 2015.
Au
lycée, je participe à un atelier d’écriture avec des élèves de secondes. Le but
est de leur faire écrire une nouvelle. Après quelques séances pour les
familiariser avec le genre, c’est aujourd’hui qu’elles doivent trouver un
sujet, en s’inspirant d’illustrations. Je craignais une mise en place lente,
que les élèves manquent d’audace, hésitent à se lancer… Au contraire, il y a
une véritable émulation collective, les idées bouillonnent, la plupart se
jettent rapidement sur une feuille pour noter une première trame… Tout a l’air
si simple : il suffit de leur demander de faire un travail, et elles s’y
lancent avec entrain… Pourquoi ça ne marche pas, avec moi ?
Le soir, je
regarde Le Seigneur des Anneaux. Ça
se confirme : l’heroic fantasy « pure »,
avec ses elfes, ses orcs et ses hobbits, est un genre qui ne m’intéresse pas.
Ce qui m’intéresse, malgré tout, c’est l’invention d’un monde, d’une
cosmogonie, d’une société cohérente – et si un roman ou une saga m’offre ce
genre de choses, je peux m’y attacher. Mais il faut aussi que je puisse
m’identifier à la communauté qui vit dans ce monde, et cela suppose que ses
membres soient proches de moi. S’ils ont les oreilles pointues et qu’ils
peuvent vivre cent mille ans, s’ils côtoient quotidiennement des trolls, des
mages, des gobelins et des dragons et que cette situation leur paraît tout à
fait naturelle, je ne peux que me sentir intrus dans cette société. Ce qui me
plaît dans Game of Thrones, encore
une fois, c’est que les dragons et les marcheurs blancs ne vont pas de soi, que
les habitants de Westeros et d’Essos ont depuis longtemps rangé ces créatures
parmi les légendes, et qu’ils tombent des nues quand ils voient leur premier
dragon, ou leur premier géant…
2 commentaires:
Bonjour,
Avez-vous une adresse mail où on peut vous écrire ?
Xavier
Pontcerq@gmail.com
Bonjour, mon adresse mail : halfhalf@wanadoo.fr
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