Il
faut bien comprendre une chose : si je m’appelle Juldé, c’est un pur
hasard.
Oui,
je sais bien qu’aucun de nous ne choisit son nom, et encore moins la famille
dans laquelle il débarque. Mais en ce qui me concerne, comme si ce n’était pas
déjà assez compliqué d’arriver à l’improviste au milieu d’une histoire déjà en
court, parmi des gens qui se penchent vers nous avec leurs grosses têtes et
leurs gros sourires lippus et qu’on est amené à considérer comme notre famille (bon, d’accord, on s’y habitue)
j’ai, en plus, un problème avec mon patronyme.
D’une
part, vous admettrez que Juldé, comme nom, c’est un peu étrange. Allez
comprendre d’où ça vient ! La plupart des noms rappellent un métier, ou
une origine quelconque ; enfin ils ont un sens, quoi ! Breton, Letourneur, Boucher, Lelandais, Legrand, Chantepie,
Masson, Durand, Dupont, Duroc, Dupic, Dutronc, Dutroux… Mais Juldé ? C’est
quoi, une déformation de Jules ?
Même pas. Et d’ailleurs, je ne devrais même pas m’appeler comme ça.
Je vous
explique.
Un enterrement
Marcelle et Pierre Juldé, mes grands-parents, avec mon frère et le chien Prince. (Brielles, Le Sault, 1976) |
Le
19 mars dernier, j’enterrais ma grand-mère paternelle. Ça a l’air un peu
décousu, comme entrée en matière, mais vous allez comprendre. Ça se passait à
Argentré-du-Plessis, où mes grands-parents sont revenus s’installer au moment
de leur retraite, après avoir longtemps vécu en région parisienne. Mon père est
né à Étrelles, tout près d’Argentré. Bref. Mon frère Erwan et moi-même sommes
donc allés assister à la sépulture de notre grand-mère, et c’était assez
bizarre. Notre oncle est mort à quarante-trois ans en 1993, notre grand-père
est mort en 2004 et notre père en 2015. Ce qui faisait de nous les seuls
descendants directs présents, nos cousins n’ayant pu se déplacer.
Or,
la grand-mère… comment dire… Disons qu’elle ne nous a pas tellement donné
l’occasion de l’apprécier, puisque peu après le divorce de nos parents, elle a
décidé qu’elle ne nous ouvrirait plus sa porte. Au grand désespoir de notre
grand-père, qui lui aurait bien aimé continuer à voir ses petits-enfants. Nous n’avons
revu notre chère mamie qu’une seule fois en vingt-cinq ans, à l’enterrement de
son mari.
Tout
cela pour dire que, le jour de l’enterrement, nous nous sentions un peu
déplacés au milieu de cette cérémonie, alors que nous étions les deux personnes
les plus « légitimes » dans la petite église de ce pays cher au cœur
de Madame de Sévigné.
Et
l’étrangeté de la situation ne nous échappait pas. Le fait de ne plus avoir,
désormais, d’aîné pour nous servir de référence. D’être en première ligne, sans
aïeul pour nous ouvrir le chemin. Sans grand-mère pour nous raconter l’histoire
de notre famille, le soir, au coin du feu. Nous en savions peu de choses, au
fond, de notre famille. Quelques anecdotes, des bribes lâchées à une occasion
ou une autre par nos parents, et dont on n’ira jamais vérifier l’authenticité…
Mais
parmi ces anecdotes, il y avait celle-ci, que l’on a toujours su (cru savoir) :
notre nom, Juldé, est dû à une erreur de copie commise par un officier d’état
civil au moment de la naissance de notre grand-père. Nous aurions dû nous
appeler, tenez-vous bien : Jugdé.
Jugdé.
Et
alors là, on est bien avancé : si Juldé
est un nom qui n’a pas l’air de vouloir dire grand-chose, Jugdé n’est pas tellement plus parlant…
Bref.
Nous étions donc dans cette église, au premier rang, dans l’attente de la
cérémonie, et voilà qu’Erwan me montre sur la paroi la plus proche de nous la
longue liste des « enfants d’Argentré morts pour la France ». Et,
dans cette liste, deux noms : L. Jugdé, mort en 1915, V. Jugdé, mort en
1916. Nous en déduisons que nous sommes sans doute liés à ces deux Poilus,
d’une manière ou d’une autre. De lointains cousins, probablement. Et des
cousins, on en trouvera d’autres au cimetière, où l’on remarquera ensuite
plusieurs tombes portant ce nom de Jugdé. Argentré, c’est clairement notre
fief.
Nous
sommes donc sortis du cimetière et avons repris la route de Laval, cette route
si souvent parcourue dans notre enfance, qui passe par Le Pertre et son
clocher, le « plus haut de l’Ouest » (paraît-il). Et forcément, les
souvenirs revenaient, pêle-mêle, comme toujours après un enterrement. La mort a
cet effet sur les vivants : elle les remet à leur place. Leur place dans
la famille (okay frangin, on est les prochains sur la liste), leur place dans
le monde, leur pays, leur ville – le petit cimetière communal et son caveau
familial.
Ça
n’était pas censé aller plus loin que ça. Encore une fois, au niveau des
souvenirs de famille, on n’a jamais eu grand-chose à se mettre sous la dent.
Pas de quoi faire un texte pour mon blog.
Et
bim.
Voilà
que le lendemain, je lis sur Messenger un message envoyé par un certain
Pierre-Alexandre Jugdé, m’expliquant que son père fait la généalogie de sa
famille et qu’il aimerait me contacter. Tiens, étrange : je suppose qu’il
s’agit de personnes qui ont assisté à la sépulture et n’ont pas eu l’occasion
de m’aborder au cimetière… Avant même que j’aie pu lui répondre (j’étais au
boulot, désolé), voilà que l’ami Bruno Deniel-Laurent m’envoie un message
m’expliquant qu’une de ses connaissances angevines souhaite me contacter, car
son mari a fait des recherches généalogiques et que nous sommes de la même
famille. Et peu après, c’est Raphaël Lebodindall, ami de Bruno, qui m’écrit
pour me dire la même chose !
Rien
à voir avec l’enterrement donc, et c’est ça le plus incroyable : qu’à
l’instant même où notre grand-mère déclare forfait, à l’instant où tous les
liens avec mes ascendants semblent définitivement rompus, de parfaits inconnus
me contactent pour me parler de ma famille. Pour me dire qu’ils ont, eux,
remonté la piste, retracé une partie de l’histoire, comblé les blancs !
Moi,
évidemment, la généalogie m’a toujours intéressé. Ne sachant pas où je vais,
j’aimerais bien au moins savoir d’où je viens. Seulement, avec du côté paternel
une grand-mère qui ne voulait plus voir ses petits-enfants et, du côté
maternel, un arrière-grand-père, Jean-Baptiste Chabrun, qui était un enfant
naturel, les choses étaient un peu compliquées…
Donc,
le lendemain de l’enterrement de ma grand-mère, le 20 mars (mon père aurait eu
70 ans le jour même), j’entrais en contact avec Pascal Jugdé, un lointain
cousin dont je n’avais jamais entendu parler.
Et
comme si, en sortant du paysage, ma grand-mère avait d’un seul coup libéré la
parole, j’ai enfin pu partir à la découverte de ma famille, d’abord à travers
des échanges téléphoniques qui ont permis de pas mal déblayer le terrain, en résumant
les grandes lignes de ses découvertes depuis le de cujus – comme disent
les généalogistes qui se la racontent un peu. Le de cujus, c’est le type
qui est tout en haut de l’arbre, et duquel tout descend. Enfin, celui jusqu’où
on a réussi à remonter, en tout cas. En ce qui nous concerne, il ne s’appelle
pas Juldé, ni même Jugdé, mais… Hugedé. Julien Hugedé (né en 1665, mort
à Erbrée en 1734). Un nom assez peu répandu, mais qu’on trouve encore pas mal
en Mayenne et en Ille-et-Vilaine.
Vive le Roi !
N’oubliez pas de Farcy, Morinière,
Jugdé, Orhant et le
brave Rondeau
Qui de leur sang ont
fait rougir la terre,
Que l’on appelle lande
de Touche-Esnault.
Pour moi qui viens
d’une famille située plutôt carrément à gauche, les Chouans ont toujours
représenté les méchants royalistes. C’est un sujet plutôt sensible en Mayenne,
berceau de Jean Chouan. Mais maintenant que je suis un peu plus intelligent,
donc fatalement un peu plus de droite, je suis ému par l’idée que mon ancêtre –
plus exactement mon arrière (x5) grand-oncle – ait pu vouloir se battre pour
protéger son clocher de village et son curé. Je serais bien incapable, moi, de
mourir pour mes convictions, mais il faut dire qu’avec moi, une idée fixe n’a
qu’une durée de vie de quelques heures. Ça n’encourage pas au sacrifice.
Et puis les
royalistes, aujourd’hui, font partie de ces espèces disparues, de ces grands
vaincus de l’Histoire auxquels il n’est pas interdit de rendre un hommage
chevaleresque, aux côtés des Celtes, des Incas, des Indiens d’Amérique du Nord,
du rhinocéros blanc du Kenya, des filières générales au lycée, des nazis (euh,
non, pas des nazis), etc. Non, décidément, « capitaine de
chouannerie », ça en jette. Salut à toi, l’Intrépide !
Deux morts et un ankylosé
Fiche matricule de Pierre Juldé (1882-1952) |
Mon père m’avait aussi
expliqué que son grand-père avait été gazé pendant la Première Guerre mondiale.
Un détail que sa fiche matricule ne mentionne pas. D’ailleurs, d’après cette
fiche, la guerre de mon aïeul a été plutôt brève…
Le registre matricule
m’a appris une chose : que le nom de mon arrière-grand-père était bien Juldé
et non Jugdé. Jusqu’ici, j’avais cru que le l était dû à une
erreur commise lorsque mon grand-père avait été enregistré à l’état civil.
Celui-ci, d’ailleurs, avait voulu corriger son nom au moment de son mariage, en
1947, mais un changement d’identité lui aurait coûté trop cher. Un détail
m’émeut, sur le registre de mariage de mes grands-parents : au moment de
signer, il semble que mon grand-père a hésité et peut-être commencé l’esquisse
d’un g, parce que le l est légèrement raturé.
Curieux, donc, cet
attachement de mon grand-père au nom Jugdé, qui n’était pourtant pas
celui de son père, ni même de son grand-père, mais seulement de son
arrière-grand-père, comme je le découvrirai lorsque Pascal me confiera l’arbre
généalogique détaillé de ma famille, ainsi que de nombreux documents d’état
civil.
Mon
arrière-grand-père, donc, s’appelait bien Juldé, Pierre François Emmanuel
Juldé, né le 8 juin 1882 à Etrelles, fils de Pierre Juldé et de Marie Orhant et
exerçant la profession de charron, comme son fils plus tard.
Je n’ai pas de photos
de lui, mais sa fiche matricule en dresse le signalement : « Cheveux
et sourcils châtains, yeux gris (comme moi !), front ordinaire, nez
fort, bouche moyenne, menton rond, visage ovale. Taille : 1,64 m. »
Concernant ses faits
d’armes durant la Grande Guerre, j’apprends d’abord qu’il a été exempté en 1903
pour « ankylose et déformation du coude gauche » puis classé
dans les services auxiliaires par le conseil de révision d’Ille-et-Vilaine en
1914 pour « gêne fonctionnelle du bras gauche (Décret du 9 septembre
1914). » Cela lui vaut d’être d’abord incorporé à la 10e
section d’infirmiers militaires « à compter du 21 mai 1915. »
Le 3 décembre de la même année, il est détaché à l’atelier de construction de
Rennes – à l’arrière, donc.
Il passe au 50e
régiment d’artillerie le 1er juillet 1917 et ne se retire à Etrelles
que le 26 mars 1919. Il ne sera finalement « libéré du service
militaire » qu’en octobre 1931. L’employé chargé de rédiger cette
fiche matricule me semble d’ailleurs bien mesquin, puisqu’il a résumé le
parcours de Pierre Juldé en notant : « Campagne contre l’Allemagne
du 25 mai 1915 au 26 mars 1919 », avant de rayer cette dernière date
pour la remplacer par le « 3 décembre 1915. » Mais non, je
proteste ! Entre juillet 1917 et l’armistice, grand-papi a quand même
combattu dix-sept mois, non mais oh ! Ankylosé du bras gauche peut-être,
mais il était quand même charron, et puis artilleur, faut pas déconner !
Mon père Rémi Juldé et son frère Pierrot, devant la maison de leurs grands-parents (Etrelles, 1951.) |
De retour à Etrelles
après la guerre, Pierre Juldé épouse Marie Martin dans les années 20 (je n’ai
pas la date exacte). Marie Martin avait été mariée une première fois, le 1er
août 1911 (j’ai la date exacte) avec un certain Jean-Baptiste Cailleteau que je
suppose mort au front. De lui, elle a eu deux fils, André et Raymond, qui
étaient donc les demi-frères de mon grand-père. Celui-ci, Pierre Juldé, est né
le 27 avril 1925 à Etrelles. Il est devenu charron comme son père, et c’est
encore à Etrelles qu’il a épousé Marcelle Perrier le 9 avril 1947. Mon père,
Rémi, est né dans le même bourg le 20 mars 1948 (c’est lui le printemps), son
frère Pierre – dit « Pierrot », dit « Le Menhir » –
est né le 24 août 1950. Un sacré tas de Pierre dans la famille…
Pierre François
Emmanuel, mon arrière-grand-père, l’ankylosé, est mort le 22 janvier 1952, et
Marie Juldé, née Martin, a passé l’arme à gauche en novembre 1973, et on l’a
enterrée (à Etrelles bien sûr) deux jours avant le mariage de mes parents (24
novembre). On m’a toujours décrit cette grand-mère comme la gentillesse
incarnée. Quand mon père abîmait son pantalon, il passait chez elle pour
qu’elle le lui recouse avant de rentrer chez ses parents, afin d’échapper à la
torgnole maternelle, ce genre de choses…
La famille s’agrandit
C’était à peu près
tout ce que j’avais pu découvrir sur ma famille avant d’aller à la rencontre de
Pascal Jugdé, au cours d’un déjeuner angevin qui m’a permis d’approfondir les
choses.
J’en suis reparti avec
plein d’anecdotes et une pile de photocopies d’actes d’état civil et de
registres paroissiaux sur lesquels m’esquinter les yeux pour les déchiffrer.
J’adore ça. Il y en a, c’est les asperges sauce gribiche, moi rien ne me fait
plus plaisir qu’un manuscrit ancien à déchiffrer. Je m’étais déjà amusé à
décrypter la fiche matricule de mes arrière-grand-pères maternel et paternel,
et voilà qu’on me donnait l’occasion de fouiner dans les actes de naissance, de
mariage, de décès, des membres disparus de ma famille. Ô joie !
« Julien Hugedé âgé de 25 ans de la
paroisse d’Erbrée et Anthoinette Fouillet âgée de 18 ans de cette paroisse
d’Argentré après leurs fiances et publications de leur mariage dûment faites ès
deux paroisses sans opposition reçurent la bénédiction nuptiale le 26e
8bre 1720, présens Julien Hugedé et Jeanne Saplain père et mère de l’époux,
François Fouillet père de l’épouse, Pierre Belluez, René Jugedé et autres qui
ne signent. »
Jusqu’à mon
arrière-grand-père, ils seront nombreux, ceux qui déclareront « ne savoir
signer », ce qui explique la grande inventivité des officiers de l’état
civil dans l’orthographe des noms. Ils notaient ce qu’ils entendaient, et le
déclarant aurait été bien en peine d’épeler son blaze, de toute façon !
C’est ainsi que Joseph, né Jugdé le 6 novembre 1781, meurt Juldé le 28 novembre 1857. Et que Joseph, fils du précédent, né Jugdé
le 28 novembre 1809, épouse Marie Beaudouin sous le nom de Jucdé en 1846 et meurt sous ce même nom le 24 décembre 1863. Et c’est aussi
pour cela que Julie Jugdé, fille du précédent, aura pour frères Joseph Juldé, Pierre Juldé (mon arrière-arrière-grand-père, 1851-1911)
et Jean-Marie Jugdé.
J’ai épluché tous ces
documents avec un mélange d’excitation et de frustration. Parce qu’après tout,
ces gens, la seule chose que je peux dire d’eux, c’est qu’ils étaient de ma
famille. Parfois, je sais quelle profession ils exerçaient (cultivateurs, pour
la plupart), mais à part cela, je ne peux me fier qu’à trois étapes de leur
vie : la naissance, le mariage, la mort. Entre ces dates, ma foi, je peux
toujours essayer d’imaginer un peu quelle a été leur existence, mais ça n’ira
pas plus loin que la simple supposition.
Tenez, Julie Jugdé,
par exemple. Née à Torcé le 19 février 1846, fille de Joseph Jugdé (1809-1863)
et de Marie Beaudouin (1819-1895), aînée de quatre enfants, est morte à
cinquante-cinq ans le 12 mai 1898, à Argentré. Elle était ménagère. Elle a
épousé en février 1878 un certain Joseph Doreau, mais treize ans avant ce
mariage, alors qu’elle était elle-même âgée de dix-neuf ans, elle a donné
naissance à une fille, Jeanne-Marie Juldé, de père inconnu. C’est la
grand-mère de l’enfant, Marie Beaudouin, qui a présenté celle-ci à la mairie
d’Etrelles. À l’époque, Julie était cultivatrice. Quelle a pu être sa vie
durant les années qui ont suivi cette naissance et précédé son mariage ?
Comment, à la fin du XIXe siècle, vivait une fille de ferme chargée
d’un enfant naturel auquel aucun homme n’a voulu donner son nom ? Toute sa
vie, Jeanne-Marie est restée une Juldé. Elle est morte en 1912 à l’hospice
d’Etrelles à quarante-six ans, célibataire, sans profession. A-t-elle été une
enfant cachée, envoyée au couvent pour laver la « faute » de sa
mère ? On ne le saura pas, on ne peut que supposer…
Julie a donc eu trois
frères. Le premier, Joseph, né en 1848, est mort à l’âge de vingt-six ans, en
1874. On ne saura pas de quoi. Le plus jeune de la fratrie, Jean-Marie, né en
1853, soldat au 15e d’artillerie, meurt deux ans après Joseph, à
vingt-deux ans. C’était lui qui était allé à la mairie annoncer la mort de son
frère, avec un voisin.
Le troisième de la
fratrie, mon arrière-arrière-grand-père, Pierre Juldé – le premier d’une longue
lignée de Pierre – naît à La Faucherie, à Etrelles, le 4 mars 1851 et meurt le
12 février 1911. Cultivateur, il a épousé en 1881 Marie Orhant, née à Etrelles en
1856. Ils ont trois enfants : mon arrière-grand-père, Pierre (François,
Emmanuel) Juldé (1882-1952), dont je n’ai déjà que trop parlé ; une fille,
Marie Juldé (1884-1962), dont le deuxième prénom était Sainte, rien que ça, et
qui épousera en 1907 un certain Pierre Breton. Ils ont certainement eu une
descendance, mais je ne la connais pas. Le troisième enfant, Jean-Marie, est né
en février 1899 et mort en septembre de la même année, à sept mois. Cela fait
tout de même pas mal d’ancêtres morts jeunes et sans enfants, ce qui explique
qu’au final, malgré tout, la famille Juldé est restée plutôt réduite. On aura
fait de notre mieux…
Voilà donc ce que j’ai
appris sur les miens. Des choses que mon père lui-même ignorait. Des choses que
mon grand-père, peut-être, aurait pu m’apprendre – et encore… Si nous savions
que les Jugdé et les Juldé avaient un lien étroit, ma grand-mère avait toujours
clos les conversations à propos des Jugdé d’Argentré (dont certains étaient ses voisins !) d’un simple : « C’est pas d’chez
nous ! » Pas moyen de causer. Elle refusait même que son mari rende
visite à ses demi-frères, André et Raymond Cailleteau, qu’elle n’aimait pas. Avec
elle, mon arbre généalogique, côté paternel, ressemblait à un bonsaï. Il a
suffit qu’elle meure pour qu’il se mette à pousser d’un coup, vlaff, se
révélant chêne centenaire, finalement. Et pour que je rencontre d’autres
personnes de ma famille, jusqu’ici inconnus, et avec lesquels je pourrai
toujours en discuter, à l’occasion…