Florian,
comme manager, il est hyperactif. Je suis sûr que ses parents auraient aimé
qu’il mette même moitié moins d’application dans ses études… Comme son père est
fan de rock et qu’il suit notre groupe attentivement (même s’il est un peu déçu
que le fiston ait mis un terme à sa carrière de chanteur), il s’est mis en tête
qu’on devait ab-so-lu-ment enregistrer un ep. Enfin lui, il disait « un 45
tours », mais Florian lui a dit que ça s’appelait plus comme ça putain
papa, arrête, tu m’fous la honte là !
Nous,
évidemment, sortir un ep, ça nous intéressait grave, tu penses ! Florian
avait quand même fait remarquer à son père qu’on avait déjà une démo pas trop
crade, mais le côté fait à la maison, ça le faisait doucement rigoler, le daron,
et il disait qu’on valait mieux que ça. Il était même prêt à nous aider
financièrement pour le studio d’enregistrement. Ah ben là d’accord, fallait le
dire tout de suite !
D’autant
plus que nous, à force de fricoter avec le milieu musical lavallois, on
commence à connaître du monde et des bonnes adresses. Entre deux bières au
6par4, il nous arrive de dire salut aux frères Sauvé ou même carrément à Jeff
Foulon ! On a donc trouvé un studio en Mayenne, à un prix abordable, et on
a choisi parmi nos titres ceux qui avaient le plus de succès parmi un panel
représentatif d’à peu près douze personnes. À nous la gloire et les
microsillons !
Bon.
Une fois dans le studio, le gars nous a dit comment ça allait se passer.
D’abord, on allait enregistrer la batterie. Ça m’a mis un coup de pression
direct, mais en même temps je me suis dit qu’après ça, j’allais être quitte
pendant que les copains bosseront comme des dingues. Alors je me suis mis
derrière ma batterie et le gars m’a dit : « Je vais te mettre un clic. »
Un
clip ? je me suis dit. Pourquoi il veut me mettre un clip ? Je suis
venu là pour m’enregistrer, pas pour regarder D8 ! Et puis non, y’avait
pas de clip, juste un tic-tac bizarre, alors il m’a dit
« Vas-y ! » et j’ai commencé à jouer à fond, comme en répèt’,
brada-bang brada-bang, roulements de caisse claire et martelage de fûts et là
il m’a fait un signe avec les mains comme au hand-ball : temps mort. J’ai
arrêté.
« Par
contre, il faut que tu joues sur le clic ! »
Et
là, j’ai fait un lien avec le tic-tac super chiant que j’entendais pendant que
je jouais. « Ah ! Mais il faut que je m’en occupe, de ce
truc-là ?
‒
Non non, il m’a dit. J’ai juste mis ça pour la déco. » (Le mec qu’a un
putain d’humour, sans déconner, MDR.)
Alors je me
suis concentré sur le clic et j’ai recommencé, et là j’ai senti la sueur couler
sur mon front. Dès que j’entamais un roulement, je me retrouvais aux fraises,
obligé de recommencer. Ce truc m’a forcé à décomposer tous mes plans de
batterie, j’avais l’impression de faire des maths, pas de la musique !
L’impression de courir un marathon dans des chaussures trop petites ! Elle
allait être longue, cette session d’enregistrement…
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