Dimanche 15 novembre 2015.
Ça
y est, toutes les victimes ont été identifiées, la France vit une espèce de
gueule de bois ininterrompue depuis vendredi soir. Il semble tout de même que
le mot d’ordre soit : « Même pas peur ! » Les terroristes
ont visé des lieux culturels et des quartiers populaires, ce sont des terrasses
de cafés et de restaurants qui ont été arrosées à la kalachnikov, et la réponse
la plus spontanée à ces attentats semble être, sur le mode du slogan Je suis Charlie qui a été lancé dès le 7
janvier : Je suis en terrasse.
Pierre a posté sur son mur, sous la sentence : « Nos soirées ne sont pas négociables ! » une photo
d’Anne B., dont on ne voit que les jambes (sublimes et bottées), dans une
très courte robe noire, un verre de rouge à la main. Puisque les djihadistes
nous ont pris pour cible dans ces moments de joie, de convivialité, de fête, de
musique, nous n’avons à leur opposer que cette résistance là : continuer à
s’installer en terrasse, à faire la fête, à s’amuser entre amis. Je trouve une
formule à la con, comme toujours : « Dans
apéro, il y a “héros” ! » C’est dérisoire, c’est absurde, bien
sûr, c’est exactement le genre de comportement dont un Philippe Muray se
moquerait – et pourtant, à ce moment, c’est ce qui semble le comportement le
plus juste. L’apéro comme acte de bravoure, il fallait y penser ! Parce
que nous avons grandi dans un pays libre, que nous n’avons pas connu la peur,
le couvre-feu, le risque d’essuyer une rafale de mitraillette à chaque fois
qu’on traverse la rue, et que nous ne voulons pas renoncer à cette liberté, à
cette insouciance là. Prétendre que l’on continuera à s’installer à la terrasse
des cafés, à se rassembler, c’est refuser la peur. Refus puéril, naïf, bien sûr :
la peur est bien présente, palpable, et la foule rassemblée place de la
République à Paris a vécu un grand mouvement de panique quand des crétins se
sont amusés avec des pétards – la peur est là, donc, mais nous n’en voulons
pas.
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