Ouais, je crois que la vie d’un
groupe de rock, c’est d’abord beaucoup de travail, tu vois, mais aussi de
grands moments de plaisir. Si un jour les mecs de Rock & Folk viennent m’interviewer, je crois que je leur dirai
à peu près ça. Dernièrement, avec les Bones, on a découvert une nouvelle
facette de la vie wackènewoll : on est partis en tournée.
Bon,
alors bien sûr, quand je dis tournée, on n’est pas non plus les Rolling
Stones ! On est partis faire deux dates en Mayenne, quoi. Une à Évron et
une à Pré-en-Pail. Mais bon, puisque c’était deux soirs d’affilée et à quelques
bornes de chez nous, on peut dire que ça fait un genre de tournée.
Alors
c’est vrai qu’Évron et Pré-en-Pail, même dans notre département (qu’est quand
même pas franchement reconnu sur la scène internationale), c’est pas non plus
les patelins les plus rock. Je veux dire, Saint-Denis-de-Gastines, à la
rigueur, ou même Montenay, ça fait plus sérieux. Mais bon, nous, on n’a trouvé
que ça. Évron, c’est le père à Florian qui nous a dégoté le plan. Le patron du
bar où on a joué, c’est un pote à lui. Pré-en-Pail, c’est parce que Steven, à
la base, il est de là-bas, et ses parents connaissent encore pas mal de monde.
Enfin j’ai pas trop suivi comment ça s’est fait, mais on s’est donc retrouvés
avec deux dates coup sur coup, et loin de chez nous. Je sais pas si vous voyez,
mais Pré-en-Pail, à notre échelle, hein, c’est quand même un peu le bout du
monde ! Au-delà c’est terminé, y’a plus rien, même Google Map veut pas
s’aventurer dans ce coin là.
La
tournée, c’est l’apogée de la vie rock. Tous les musiciens vous le diront, même
sans forcément savoir ce que ça veut dire, « apogée ». On the road
again, vous voyez le truc… On voit bien les photos des mecs, dans leur car
privé, les pieds sur les banquettes parce qu’on est des stars, ou en train de
roupiller la joue contre la vitre parce qu’on est bien naze quand même. Et le
soir après le concert on va vider le minibar de l’hôtel et foutre un peu en
l’air la chambre parce qu’il faut bien se détendre.
Nous,
bon, c’était pas ça quand même. Déjà, on n’a pas de car privé : c’est le
père à Adrien qui nous a emmenés, dans le Berlingo de sa boîte. Y’avait juste
assez de place pour caser la batterie, les amplis, nos instruments et nous, en
se serrant bien. J’ai bien essayé de dormir la joue contre la vitre pour faire
le mec bien naze, mais bon, Laval-Pré-en-Pail, y’a une heure de route, alors
c’est pas hyper crédible. Et après le concert à Évron (trois cordes cassées,
dont une vocale), on est tous rentrés chez nous. Du coup les hôtels du coin
n’ont pas eu à se plaindre. On est juste repartis le lendemain pour Pré-en-Pail
(trois baguettes cassées, dont une de pain parce que le père à Adrien était
passé à la boulangerie), et puis voilà : c’était la première tournée de
Bag of Bones.
Tranzistor n°55, janvier 2015.
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