Je
sais pas si c’est parce qu’il se sent coupable d’avoir laissé tomber le groupe,
mais Florian a pris son rôle de manager grave au sérieux. Il nous a dit comme
ça que si on voulait faire des concerts, il fallait qu’on se vende. Et que si
on voulait se vendre, y’avait pas 36 solutions, il nous fallait une démo.
Ouais,
sauf que nous, on n’a pas les moyens d’enregistrer une vraie bonne démo qui
arrache ! En répèt’, pour se souvenir de nos morceaux d’une semaine sur
l’autre, vu qu’on sait pas écrire la musique, on s’enregistre sur nos portables.
D’après Florian, c’est déjà pas mal. D’après nous tous, ce serait mieux si la
batterie couvrait pas tous les autres instruments. L’avantage, c’est qu’on
entend bien mes pains. Evidemment, le top du top, ce serait de louer un studio
pour quelques jours, histoire d’enregistrer quatre ou cinq morceaux dans des
conditions de ouf. Mais on n’a pas assez de thunes pour ça, ou pas assez de
relations…
Donc,
si je résume : pour faire des concerts, il nous faut une démo, mais pour
faire une démo, il faudrait qu’on multiplie les concerts. Et qu’on se fasse
payer pour ça, en plus. Pour l’instant, c’est pas gagné. On était déjà bien
contents l’autre jour qu’un patron de bar accepte de nous faire jouer et nous
paye le repas et les boissons. Ça aide d’avoir des relations de bistrot.
Du
coup, on s’est posés comme ça et on a étudié sérieusement la question. On est
allés comparer sur Google les différents logiciels audio, et finalement on en a
trouvé un gratuit. Restait plus qu’à revoir nos branchements, nos micros, on
était prêts. Le Florian il était tout fou, le plus enthousiaste de nous tous,
je crois bien : en plus, il disait, on va avoir un vrai enregistrement
live ! Et nous, on est quoi ? Un groupe qui joue en live !
Ouais, okay. Enfin lui il joue plus trop en live, quoi. Moi, j’étais
sceptique : le coup de la gratuité, ça m’inquiétait. Je me disais que
c’était un peu trop facile, je m’attendais à un son foireux, mais même
pas ! On arrivait même parfois à comprendre ce que chantait Noémie.
Ce
qu’il y a de bien, c’est que l’enregistrement de la démo, ça a pas trop changé
nos habitudes. Il suffisait qu’on répète plusieurs fois le même morceau, et une
fois qu’on avait réussi à faire un truc pas trop crade, c’était dans la boîte.
La seule différence, c’est qu’une fois qu’on a eu les quatre morceaux
enregistrés live, on les a gravés sur CD, et Adrien a fait un joli dessin sur
la pochette, avec le nom du groupe en grand juste au-dessus. Et on a tous voulu
en avoir un exemplaire, et on avait l’impression d’avoir dans les mains un truc
en métal précieux, vachement rare, le genre de truc que tu chopes dans World of
Warcraft seulement après avoir explosé un boss de niveau 90. Je sais pas ce que
les patrons de bar en feront, de notre démo, mais nous, putain, on l’a écoutée
en boucle !
Tranzistor, n° 53, mai 2014.
2 commentaires:
Les Blues Brothers de Laval ... ça va se terminer en road movie et moi j'aime pas les road movie ! Tiens je vais aller faire une partie de bowling avec Le Duc tellement ça me déprime ...
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