Ce qu’il y a de bien, quand on
veut être un groupe local, c’est qu’il suffit d’habiter dans une ville.
N’importe laquelle, au hasard, hop : du moment que vous montez votre
groupe dans une ville, vous êtes un groupe local. Pratique. Ensuite, pour
devenir le meilleur groupe local du monde, c’est plus compliqué. Ça facilite
les choses si vous êtes le seul groupe du coin ou que tous les autres sont des
gros nuls.
On
pourrait croire que Laval, c’est une petite ville et que ça doit pas être trop
difficile de se faire remarquer à partir du moment où vous avez une guitare
dans les mains et juste ce qu’il faut d’électricité. Eh bien, détrompez-vous.
Des mecs qui font de la zique, il y en a un paquet à Laval et dans les
environs, faut pas croire. Justement, avec les potes, on s’est dit qu’on irait
un peu voir jouer tout ce monde-là, histoire de rencontrer un peu les
collègues, serrer des mains et parler boutique. « Et toi, t’utilises quoi
comme médiator ? Et sinon vous êtes plutôt Marshall ou Peavey ? »
Des trucs de professionnels, quoi.
Bon,
des groupes lavallois, on en a déjà vu jouer. Des métalleux, des rockeurs, des
électro, des jazzeux, des musiques du monde. Mais du coup, quand on a su que Tranzistor organisait une soirée
spéciale pour la sortie de son n°53, avec tout le gratin des gratouilleurs du
département, on s’est dit que ce serait un bon moyen de voir tout le monde d’un
coup. Et si possible, de faire signe qu’on est là aussi, et que si on nous
laisse un petit peu de temps pour nous préparer, on pourrait bien être les
futurs Birds in Bridge ou Throw Me Off The Row. Après tout, on n’en sait rien.
Alors
le concept de la soirée, c’est que les grosses vedettes, c’étaient les Bajka,
et qu’ils faisaient monter sur scène plein d’invités, des zicos de la région.
Et des zicos de tous les styles, justement, les Jack & Lumber, les Bretelle
et Garance, les Joy Squander, les Quentin Sauvé, les Claude Renon, les Mad
Lenoir… C’était un peu le vide-grenier de la musique, le tout-à-huit-balles des
décibels. Nous, le trip Balkans-tsigane-machintruc de Bajka, c’est pas vraiment
notre rayon, faut bien dire ce qui est. Mais du coup, écouter ça mélangé à du
rock, des samples ou des rythmes africains, ça nous a
donné une bonne idée de la tambouille qu’on peut faire en plongeant plusieurs
musiciens dans la même marmite. Faut quand même bien remuer pour pas
laisser de grumeaux… Bon, ça nous a surtout donné une idée du chemin qu’il nous
reste à faire, parce que pour pouvoir s’accorder avec les trompettes de Bajka,
il faudrait déjà qu’on s’accorde entre nous !
Et
qu’on se mette à aimer la trompette…
Tranzistor, n° 54, septembre 2014.
1 commentaire:
C'est trop grunge pour moi ... j'pige que couic !
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