C’est
quand même la super éclate, la vie rock’n’roll ! On peut bien transpirer
pendant les heures de cours sur des fonctions logarithmes, on sait bien entre
nous, les copains du groupe, qu’on a la musique dans le sang et qu’on va tout
déchirer en répèt’ et que les maths ne s’en relèveront pas. On se jette des
coups d’œil en diagonale à travers la salle de classe, genre toi-même tu sais,
et dès la sonnerie, on n’a qu’un seul sujet de conversation : la musique.
Depuis
que le groupe existe, je passe des heures sur Spotify. Fini Call of Duty et
Minecraft, les jeux vidéo c’est dépassé. Moi, j’aime bien revenir aux origines
des choses, et je me suis mis à rechercher des vieux groupes de rock, les
pionniers vous savez, et avec les copains, on n’arrête pas de s’envoyer des
fichiers de musique, complètement excités, et les Sonics, tu connais ? Et
Led Zep ? Les Ramones ? Les Stooges ? Sur ce sujet aussi, on
fait nos devoirs, mais alors avec vachement plus de passion ! S’il y avait
une épreuve d’histoire du rock au bac, ce serait fingers in the nose !
Comme dirait le père de Florian, qui lui a fait connaître les Doors et Jimi
Hendrix, on a bien de la chance (nous les jeunes) d’avoir Internet et de
pouvoir découvrir tout ça sans dépenser de la thune dans les disques !
La
thune, quand on en gagnera avec nos jobs d’été, on a décidé de la placer dans
un pot commun pour se payer du matos. Limite, on devient sérieux, on économise
et tout ! En attendant, avec le peu de matos qu’on a, on se défoule sur
nos instrus dans le garage de Florian, et désormais on joue nos propres
morceaux.
Ça
aussi, c’est énorme ! Le moment où on s’est pointés, Noémie et moi, avec
nos textes, on avait un peu peur que les autres trouvent ça nul, et puis Adrien
a commencé à tester un riff qu’il avait trouvé, pas trop sûr de lui non plus,
j’ai commencé à battre le rythme, Steven m’a suivi sur la basse, Florian et
Noémie ont regardé, sur les quatre chansons qu’on avait écrites, s’il y avait
un texte qui pouvait coller, ils se sont lancés timidement, et bingo, ça
collait carrément ! Il a fallu couper un mot par ci, en rajouter par là,
mais ça le faisait ! Restait plus qu’à améliorer tout ça, à bosser le
morceau à fond, mais en tout cas, ça existait ! On l’avait notre morceau,
notre tout premier morceau ! Et plus on le répétait, plus on trouvait des
arrangements, et plus notre couple vedette, au micro, était à l’aise et donnait
de la voix. Derrière mes fûts, tout en tabassant mes toms et mes cymbales,
j’avais l’impression d’être au spectacle et je me disais : putain, ce
groupe, il envoie du lourd !
Tranzistor n° 50, été 2013.
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