Depuis le début de l’été, je participe à l’atelier
d’écriture hebdomadaire que propose François Bon sur son site Le Tiers Livre.
Un atelier qui tombait très bien, son thème étant le récit fantastique, juste
au moment où, lisant les nouvelles de Richard Matheson et revoyant même des
épisodes de La Quatrième dimension,
je baignais dans le fantastique.
L’ambition finale de François Bon étant de composer un livre
numérique à partir de tous les textes proposés, une consigne a été imposée dès
le départ sur l’ensemble des futures contributions : que chacune d’entre
elles soit constituée d’un paragraphe unique.
- Atelier n° 5 : pour un dictionnaire.
Un seul mot par paragraphe (et un paragraphe par
contribution), longueur à votre gré. Les contributions seront classées par
ordre alphabétique du mot choisi.
Charles-Louis Verboeckhoven, Le Naufrage de la goélette |
Pour un dictionnaire
GOÉLETTE – Une goélette à la
dérive sur une mer déchaînée. Un bâtiment russe, le Déméter, parti de Bulgarie
et avançant toutes voiles dehors au creux des vagues gigantesques. À son bord,
un tas de cadavres. Dans ses cales, des caisses remplies de terre. L’une
d’elles a servi de couche à cet homme en noir, long et pâle, que mentionne le
journal du capitaine. Quand on s’en va pour une traversée au long cours, éviter
de mener la Mort en bateau. Les océans sont remplis de sombres histoires,
l’équipage est isolé pendant des semaines sur une coque de noix : la peur
et la folie sont des bagages dont on se passerait bien. Ô combien de Dracula,
combien d’idoles d’argile, partis hanter de braves marins, dans l’aveugle océan
leur ont fait perdre la raison ? Krakens et Léviathans peuplant les
superstitions des matelots, vaisseaux fantômes et disparitions mystérieuses,
depuis toujours les navires prennent le large dans un paysage fantasmagorique,
et les femmes attendent leurs marins de maris en priant pour que la mer les ramènent
sains et saufs. Iseut attend Tristan : voile blanche bonne nouvelle, voile
noire mauvaise nouvelle. Et beaucoup de marins, partis joyeux pour leurs
courses lointaines, ne sont jamais revenus au port. Et les légendes ont
continué à s’alimenter, et le globe terrestre peut bien ne plus avoir de
secrets, l’Autre Monde est toujours de l’autre côté de la mer, avec ses
créatures. Et elles sont prêtes à embarquer.
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