lundi 1 octobre 2007

Une leçon d'humilité


Poésie est morte avouons-le. Tous nos Arts gisent grotesques.
Céline
J’ai su très tôt que ma bite allait être ma principale source de problèmes. Ça a plutôt mal commencé : je suis né avec un phimosis et une ectopie testiculaire. Je suis parti dans la vie avec le gland étranglé par le prépuce (pas étonnant si par la suite j’ai très mal supporté les sous-pulls à col roulé) et une couille en exil quelque part dans l’aine. Jusqu’à l’âge de onze ans, je n’ai jamais pu décalotter ma petite personne. Mon gland et moi, on est un peu comme deux étrangers : on n’a pas été présentés. Il m’est apparu trop tard, j’avais déjà trop de soucis pour m’occuper de lui… Surtout, il m’est apparu couvert de ronces, après l’opération : ma pauvre petite nouille toute cousue de fils de chirurgie, huileuse de Bétadine… La Bétadine, j’en fais encore des cauchemars. Il suffit que je revois la petite bouteille de plastique jaune, et tout de suite me revient en mémoire le liquide marronnasse glacial que ma mère appliquait sereinement sur mes gonades horrifiées – avec l’odeur en prime, entre le caoutchouc brûlé et le caramel rendu, j’imagine cette odeur-là, et tout de suite je sens les fils durs et hérissés au bout de mon bout… Je passais mes journées en pantalon de pyjama, et je devais le tenir éloigné de mon sexe pour que les fils ne se prennent pas dans le tissu. Je traînais donc dans la maison en tenant mon froc, mon petit oiseau ballotant mollement entre mes cuisses maigres, transpercé de flèches. Et ma couille gauche que les médecins ont fait descendre par la même occasion, et qui de temps en temps, par nostalgie ou peur des mauvais coups, essaie de retourner encore faire un petit tour dans sa tanière… Imaginez-vous à onze ans, une couronne d’épines sur la pine, incapable de supporter le moindre contact avec un tissu quelconque (et donc toujours le cul à l’air), et tout le monde qui vous regarde entre les jambes avec l’air d’apprécier le boulot des chirurgiens… Je vous jure que vous prenez d’un coup une leçon d’humilité pour dix siècles !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

C'était donc ça ... mais c'est un vrai début de roman !

Anonyme a dit…

Fais parler tes couilles et tu "tires" (sans jeu de mots) à un million d'exemplaires - après les monologues du vagin- plus rien ne nous effraie ! A toi la gloire et les pépettes ...

Anonyme a dit…

Torride !

(r)

Anonyme a dit…

Pour le roman, n'écoutez pas ce serpent capitaliste "Testicule en exil" sera lyrique, baroque, échevelé.

(Ces 3 adjectifs marchent toujours ensemble. N'oubliez pas, quand vous serez au Figaro Littéraire)

Restif(un peu de compassion dans un monde de brutes bleues) qui pense, quand même, que ça n'a pas dû être marrant tous les jours... Loin de là.

Raphaël Juldé a dit…

Maintenant, vous savez d'où me vient mon charisme.

Anonyme a dit…

Oui, oui nous savons tout, raconte nous la suite ou bien invente !

Anonyme a dit…

Monsieur Juldé,

Quand reprendrez-vous votre journal en ligne ?