vendredi 30 décembre 2011

Le célèbre inconnu


Jérôme Tardivel menait depuis toujours une vie sans histoire. Et mon récit pourrait s’arrêter là : concision du propos, pureté de la forme, merci bonsoir. Cette absence de tout fait notable durant les trente-cinq premières années de sa vie convenait parfaitement à Jérôme. Tout petit déjà, il n’était vraiment heureux que seul et ignoré de tous. Au lycée, beaucoup des adolescents qui l’entouraient formaient des groupes de rock, bidouillaient un peu le Caméscope familial et imaginaient déjà les dédicaces qu’ils laisseraient à leurs fans… Il a grandi entouré de Kurt Cobain en herbe, de David Lynch boutonneux. Il leur laissait volontiers la gloire, les filles et les limousines ! Quand il expliquait, à quinze ans, que sa seule ambition dans la vie était de reprendre l’entreprise de matériel de plongée paternelle, ses copains retenaient leurs rires, navrés, et ses copines ôtaient leur langue de sa bouche et allaient la tourner dans le sens inverse au fond de celle du premier joueur de didgeridoo venu.

Lui, Jérôme, entendait rester parfaitement anonyme. Il n’a jamais fait aucune activité qui aurait pu lui donner ce quart d’heure de célébrité dont Andy Warhol l’avait menacé. Mettez ça sur le compte de la timidité ou d’une modestie exagérée, mais même le journal local n’avait jamais cité son nom. Pourtant, vous savez comme il est facile de se retrouver dans le journal local : il suffit d’être un peu sportif, d’avoir gagné une compétition, et hop ! Vous voilà immortalisé entre le boulanger du village qui a assassiné sa femme et le grand vainqueur du concours de belote de Brouillasse-sur-Glaire. Jérôme était un bon nageur – il faut bien faire honneur au matériel de papa – mais il a toujours soigneusement évité de remporter le moindre trophée. Une telle abnégation dans l’anonymat aurait mérité la première page des journaux.

Oui, eh bien, justement…

En y repensant par la suite, il s’est souvent reproché son empressement ce jour-là – mais à vrai dire, comment aurait-il pu faire autrement ? Alors qu’il se promenait au bord de l’eau un dimanche après-midi, il vit une gamine de cinq ou six ans, poursuivant un ballon, glisser sur l’herbe humide et tomber dans la rivière. Sans réfléchir, Jérôme plongea à son tour pour ramener la fillette effrayée sur la rive. Comment aurait-il pu deviner qu’il s’agissait de la fille du maire ? Après avoir épongé sur son épaule les effusions de la mère de l’enfant, il fila sans attendre que les promeneurs s’attroupent.

Il connut après ça deux ou trois jours de tranquillité. Les journaux s’interrogeaient sur ce héros de l’ombre, cet homme mystérieux qui, à notre époque où n’importe quel crétin cherche à devenir célèbre en s’enfermant dans un loft pendant trois mois avec d’autres crétins de son espèce, avait choisi d’éviter cette gloire qui lui tendait pourtant les bras. Vraiment, on ne comprenait pas. C’en était même louche. Certains chroniqueurs misaient tout de même sur l’humilité du gars, sur sa discrétion – mais d’autres en étaient déjà à supposer qu’il avait quelque chose à se reprocher. Pourquoi se cacher, sinon ? Alors peut-être qu’il n’avait rien à faire sur les lieux du drame ce jour-là… Une histoire d’adultère ? Ou pire ? Il avait commis un meurtre ? Il était là pour enlever un gosse ? Allez savoir…

Pour mettre un terme à tout ça, Jérôme se fendit d’un communiqué dans la presse, expliquant qu’il était heureux que la fillette aille bien, que c’était le plus important, et qu’il n’avait pas l’intention de tirer la moindre gloire de son geste somme toute naturel. Alors, les journaux redoublèrent d’enthousiasme : ah ! quel héros véritable ! Et modeste, avec ça ! Il ne veut pas qu’on parle de lui au vingt heures, vous vous rendez compte ? Il faut absolument rencontrer ce spécimen, en savoir plus ! Et les chaînes de télé s’y sont mises aussi : les équipes de 50 minutes inside et de Zone interdite sont venues faire leur enquête dans l’entourage de Jérôme, interroger ses voisins, ses amis, ses parents, et puis lui-même, bien sûr ! Le héros de l’ombre ! En pleine lumière, du coup ! Il y avait même des journalistes qui commençaient à trouver que le type en faisait un peu trop, dans le genre je-suis-un-héros-mais-je-veux-rester-discret… On le voyait partout ! Qu’il arrête, à la fin ! Et notre Jérôme, aveuglé par les flashes, commençait à se dire que, s’il avait su qu’il n’était pas possible d’échapper à la célébrité, il aurait fait du cinéma…

Zapoï n°1, janvier 2012.

mercredi 21 décembre 2011

La bande



Les crimes contre la propriété, la patrie, l’autorité sont autant de bienfaits sociaux. Lorsqu’ils auront pris conscience de l’atrocité du déterminisme social actuel, les hommes logiquement, essaieront de s’en libérer. Ils ne pourront le faire que par le crime individuel ou collectif, c’est-à-dire par l’infraction aux lois de la société.
Mauricius, L’Anarchie, 28 décembre 1911.

Le 21 décembre 1911, à neuf heures du matin, un garçon de recette nommé Caby se dirige avec un collègue vers le siège de la Société Générale de la rue Ordener. À quelques mètres de l’agence, un homme se plante devant lui, sort un browning et tire. Le garçon s’effondre, mais il se cramponne toujours au sac de la banque. Il faudra encore deux cartouches pour lui faire lâcher prise. Entre-temps, son collègue a donné l’alerte, la foule se presse autour du lieu du crime, le tireur et un complice sont montés dans une automobile qui est repartie au quart de tour, les bandits tirant quelques coups de feu en direction des passants pour les disperser.
L’auto, une Delaunay-Belleville, sera retrouvée à Dieppe. Léo Malet, plus tard, lui verra des couleurs changeantes « comme le vent de l’amour ». En fait, c’est une limousine de dix chevaux, carrosserie Lavacherie, Gaches et Cie, peinte en vert foncé, avec filets bruns, initiales N.H. entrelacées sur la porte, pneus Michelin, pas de phares, stores jaunâtres, capitonnage intérieur couleur café au lait clair.
C’était il y a tout juste cent ans : la bande à Bonnot venait de faire une entrée fracassante dans la société bourgeoise, les premières pages des journaux leur étaient acquises, et pour un bout de temps.
Je sais qu’il ne faut pas admirer les criminels. Ce n’est pas bien. Il faut au contraire plaindre leurs victimes et réclamer une augmentation conséquente des effectifs de la police afin de protéger les honnêtes citoyens, bla bla… Je sais. Seulement, allez savoir pourquoi, j’ai lu tout jeune les aventures de la bande à Bonnot, et ses membres sont restés pour moi aussi fabuleux que Jesse James ou Robin des Bois. Je n’y peux rien : j’avais l’enfance libertaire, que voulez-vous… Ravachol, Marius Jacob, Jules Bonnot : c’étaient mes Buffalo Bill, mes Zorro à moi. Je lisais ça comme des récits d’aventures héroïques : entre les frères Rapetou et les bandits en auto, je trouvais qu’il n’y avait pas de grande différence, finalement… Les deuxièmes avaient simplement un peu plus de poids : ils avaient existé.


Ah ! Ce que j’ai pu suivre, émerveillé, leurs courses-poursuites avec la Sûreté ! Je connais leur histoire par cœur. Il y a des séquences que je visualise comme au cinoche ! Le coup de la place du Havre, c’est du Buster Keaton ! Je vois la bagnole arriver à tombeaux ouverts de la rue d’Amsterdam, déboucher sur la place qu’elle prend à rebrousse-poil, l’agent de faction fait de grands gestes pour arrêter les chauffards, la voiture continue sa route, un autocar lui barre le chemin, elle s’arrête, l’agent s’approche, satisfait qu’on lui obéisse, le chauffeur de l’auto descend… donne un coup de manivelle et remonte pendant que le moteur tousse. Les fous du volant repartent ! L’agent Garnier saute sur le marchepied, on croirait une attaque de diligence, trois coups de feu : il tombe raide mort devant le restaurant Garnier. Son assassin aussi s’appelle Garnier, comme lui. Le hasard, n’est-ce pas… La Delaunay s’éloigne, un témoin saute dans sa propre auto et se lance à sa poursuite – mais abandonne la partie après avoir renversé une passante. Un autre agent prend le relais, à bicyclette (vous voyez bien la scène, j’espère, en noir et blanc crachotant : l’hirondelle qui joue des mollets sur son vélo, derrière le bolide qui prend de la vitesse, musique de poursuite fantaisiste au piano), et les bandits le sèment place de la Concorde. Fondu au noir, carton : « Ces gredins sont vraiment insaisissables !… »
Oui, je sais qu’on n’applaudit pas un bain de sang. Une morale anarchiste là-dedans ? Tirer sur un encaisseur, flinguer un agent de la circulation ? De l’assassinat pur et simple ! Oui, et vous savez quoi ? La suite est encore pire. Une véritable boucherie. Mais le bel Octave, Octave Garnier, vous dirait qu’il ne voit aucun inconvénient à buter des larbins du capital. C’est comme ça que ça cause, un illégaliste. Et ça repart au charbon, revolver au poing.
La suite est encore pire. Une véritable boucherie. Un véritable road movie en De Dion-Bouton. La limousine de dix-huit chevaux est conduite par un homme d’une trentaine d’années, François Mathillé, accompagné d’un garçon de dix-huit ans, Louis Cerisol. En lisière de la forêt de Sénart, ils stoppent le véhicule, la route étant encombrée d’un tas de pierre. Soudain, cinq hommes apparaissent, sortent des armes et ouvrent le feu. Mathillé meurt, déchiré par les balles – Cerisol s’en tirera vivant, dans un sale état. Les bandits montent en voiture et prennent le large. On les retrouve à Chantilly, à dix heures et demie, où ils prennent d’assaut la Société générale. Je vous ai promis du western ? Une boucherie. Pendant que l’un d’eux reste à la porte, menaçant la foule de sa Winchester, les autres font cracher leurs brownings à l’intérieur. Deux morts. L’un des tueurs est, une fois de plus, Octave Garnier, la machine à tuer, le terrassier. L’autre, Raymond Callemin, dit « La Science ». L’homme à la carabine, dehors, c’est un gamin : André Soudy, à peine vingt ans et tubard au dernier degré. Bouffé par la syphilis, aussi. Les guibolles flageolantes sous son long pardessus, il tient les curieux à distance. Quand les autres sortent en trombe et démarrent l’auto, il court derrière pour les rattraper, rate le marchepied et s’évanouit en atteignant la portière. C’est Octave qui l’agrippera en vitesse, après avoir éclaté une vitre en y passant le bras. La foule n’y aura rien compris, aura pris le bruit du verre qui explose pour une détonation, pensera que l’homme à la carabine a été blessé dans sa fuite. Non : simplement, la cavalcade pour remonter en voiture, c’était un peu trop pour les poumons percés du jeune Soudy.
Tout s’accélère. Nous sommes le 25 mars 1912. Cinq jours plus tard, Soudy est arrêté à Berck, où il prenait du repos. Berck, tous les médecins vous le diront : rien de tel pour requinquer un tuberculeux. Le 3 avril, c’est au tour de Carouy, ceinturé par les flics à la gare de Lozère. Le bandit a bien tenté de leur fausser compagnie en avalant un flacon de cyanure de potassium – mais il y a eu tromperie sur la marchandise, ce n’est que du ferrocyanure, et il en sera quitte pour une bonne diarrhée. Il n’y a vraiment plus d’honnêtes gens, même chez les hors-la-loi… Le 7 avril, Raymond Callemin se fait avoir à son tour, rue de la Tour-d’Auvergne, à Paris. Le 14, le naufrage du Titanic fait un peu d’ombre à la bande, mais le 24, le sous-chef de la Sûreté, M. Jouin, qui cherchait quelqu’un d’autre, tombe nez à nez avec Bonnot dans une boutique de vêtements d’Ivry. Pas de chance, l’anarchiste est armé, et le policier restera sur le carreau, mort. Le 28 avril, Xavier Guichard, le chef de la Sûreté, a retrouvé Bonnot dans un garage de Choisy-le-Roi, la maison Dubois… Dubois dont on fait les cercueils, dirait Tristan Corbière.
Je suis de ceux qui ne peuvent pas entendre ou lire – sur une carte ou un panneau – le nom Choisy-le-Roi, sans aussitôt penser au refuge de Bonnot, assiégé par les flics accompagnés de la garde républicaine et de villageois en armes ! Cinq heures de siège ! Fort Alamo à deux pas de Paris ! Les honnêtes gens, les bons citoyens, alertés par les journaux du matin, accourant par centaines, par milliers, pour assister à l’hallali, se donner le grand frisson. C’est dimanche, il fait beau, ça nous fait une promenade… On est au spectacle, on se bouscule, pardon madame, j’étais là avant vous, enlevez votre chapeau devant, on voit rien… Finalement, on optera pour la dynamite. Il faudra s’y reprendre à trois fois pour faire sauter le garage. Et c’est encore avec crainte que les pandores de Guichard iront chercher Bonnot, recroquevillé sous un matelas, pas encore mort, mais plus vraiment vivant : six balles dans le buffet, ça fait tousser. Il sera évacué au milieu d’une foule de charognards hurlant « À mort ! », et leur fera cette faveur, pas rancunier, peu de temps après, à l’Hôtel-Dieu.
Dans son Journal, le lendemain, Léon Bloy écrit : « Les journaux ne parlent que d’héroïsme. Tout le monde a été héroïque, excepté Bonnot. La population entière, au mépris des lois ou règlements de police, avait pris les armes et tiraillait en s’abritant. Quand on a pu arriver jusqu’à lui, Bonnot agonisant se défendait encore et il a fallu l’achever. Glorieuse victoire de dix mille contre un. Le pays est dans l’allégresse et plusieurs salauds seront décorés. »
Ce n’est pas la fin de l’histoire : il n’y a que dans les séries américaines que le chef de bande meurt en dernier… D’ailleurs, Bonnot n’était pas le chef. Comme si les anars avaient un chef !

Le 14 mai, on remet ça à Nogent-sur-Marne. Soirée printanière, calmes maisonnettes et argousins en nombre venus se poster derrière des clôtures, sur des toits, contre des arbres… Valet et Garnier sont cernés ! Cette fois, l’assaut durera sept heures, un bataillon de zouaves sera dépêché en renfort, et la foule, là encore, sera au spectacle. Depuis le viaduc, en jouant des coudes, on ne ratera rien de la mise à mort. Et une fois de plus, de guerre lasse, on fera parler la dynamite pour s’assurer que les bandits sont enfin sages. Et de fait, ils le sont.
La suite se déroulera à la régulière, avec procès et condamnations et, au matin du 21 avril 1913, trois têtes dans le panier de Deibler : Callemin, Monier et Soudy. Carouy, quant à lui, aura enfin réussi à en finir par ses propres moyens. Reste Eugène Dieudonné, qui a échappé de peu à la guillotine. En route pour le bagne ! Pourtant, tout le monde l’a dit depuis le début : Dieudonné est innocent ! Garnier l’avait écrit à Guichard : « Dieudonné est innocent du crime que vous savez bien que j’ai commis. » Bonnot assiégé avait employé ses dernières forces pour l’écrire à son tour, à la fin de son « testament » : « Dieudonné est innocent. » Callemin l’avait répété à son procès : « Dieudonné est innocent. » Oui, mais l’encaisseur Caby, après avoir assuré qu’il reconnaissait parfaitement Garnier comme son agresseur de la rue Ordener, s’est mis à reconnaître Dieudonné avec la même conviction. « Je le reconnaîtrais entre cent ! » Alors Dieudonné est bon pour Cayenne, dont il s’évadera treize ans plus tard.


Oui, il y a eu les Contes de ma Mère l’Oye, et puis plus tard Billy the Kid, et puis la Bande. J’ai grandi avec ça, j’ai adoré ces histoires, et cette période, surtout : la Belle Époque !
La Belle Époque !

Ce que j’aurais aimé en être ! J’en mangerais, de la Belle Époque, des parties de canotage à Nogent le dimanche, du cinématographe, des élégantes des faubourgs et des forts des Halles, j’en mangerais ! Les premiers aéroplanes, les automobiles à double phaéton, le tramway dans Paris (j’aurais vécu à Paris, bien sûr, pour qui vous me prenez ?), les apaches sur les fortifs, Casque d’Or et Bruant… J’aurais vécu dans un tableau de Renoir, grosso modo… Et puis, de temps en temps, je serais allé voir du côté de Romainville, dans les bureaux de L’Anarchie, le journal de Libertad, repris par Lorulot, puis par Rirette Maîtrejean et Victor Kilbatchiche, qui n’était pas encore Victor Serge… J’y aurais croisé Henri Calet encore gamin, avec son père, et je les aurais tous vus : Dieudonné, Garnier, Raymond-la-Science, Metge le cuistot, Soudy, Valet et toute la clique des illégalistes… Ils m’auraient causé hygiénisme, anti-alcoolisme et végétarisme (et sur ce dernier point, j’aurais peut-être haussé les épaules). Ils m’auraient causé amour libre et reprise individuelle, on aurait fabriqué de la fausse monnaie, des faux papiers, je me serais baladé avec un browning et tout un jeu de clés et de rossignols pour entrer partout. Comme eux, j’aurais lu Stirner, Le Dantec, Proudhon et le reste. « La propriété, c’est le vol ! » Comme eux, je n’aurais pas tout compris. Il en serait résulté un conglomérat d’idées extrémistes, on se serait engueulés, certains auraient parlé de s’armer pour lutter contre les bourgeois, c’est là qu’un mécanicien débarqué de Lyon, ancien chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle, se serait amené, aurait parlé de voler des autos pour réaliser des hold-up avec la certitude de laisser les poulets sur le carreau… Le mec se serait appelé Jules Bonnot, et en le suivant j’aurais sûrement fait pleurer ma mère. Finalement, vivre ça en rêve, c’est moins dangereux.
Rirette MAITREJEAN, Souvenirs d'Anarchie. La Digitale, 1997. (Première publication en feuilleton dans Le Matin, 1913.)
Victor MERIC, Les Bandits tragiques. Le Flibustier, 2010. (Première publication en 1926)
Victor SERGE, Mémoires d'un révolutionnaire. Robert Laffont, 2001.
Bernard THOMAS, La Belle Epoque de la bande à Bonnot. Fayard, 1989.
Frédéric LAVIGNETTE, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque. Editions Fage, 2008.
Patrick PECHEROT, L'Homme à la carabine. Gallimard, 2011.