"Un homme voyage pour sentir et pour vivre. A mesure qu'il voit du pays, c'est lui-même qui vaut mieux la peine d'être vu. Il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu'il découvre. Voilà pourquoi le voyage est si beau, quand on l'a derrière soi : il n'est plus, et l'on demeure ! C'est le moment où il se dépouille. Le souvenir le décante de toute médiocrité. Et le voyageur, penché sur sa toison d'or, oublie toutes les ruses de la route, tous les ennuis et peut-être même qu'il a épousé Médée."
André Suarès, Voyage du Condottière.
Je connaissais l'expression "se coucher à quatre heures et demie du matin", mais aussi loin que je me souvienne, je crois bien n'avoir jamais eu à employer sa soeur : "se lever à quatre heures et demie du matin". Avant aujourd'hui, évidemment... Tout est un peu bizarre, à cette heure-là : je suis presque certain d'être le seul de l'immeuble à avoir les yeux ouverts, et à m'apprêter à sortir. Je mets la dernière main à mes bagages : après la douche, je récupère tout ce qui est nécessaire à ma toilette, l'ajoute à mon linge plié plus ou moins soigneusement et fais mentalement un ultime bilan de ce que je dois emporter pour ne manquer de rien ces neuf prochains jours où je serai sur les bords de l'Arno, à Florence.
Bon, je crois n'avoir rien oublié d'essentiel. Afin de voyager léger, j'ai prévu deux livres seulement (si l'on excepte l'indispensable guide Lonely Planet) : le Voyage du Condottière de Suarès en édition de poche, et L'Italie à la paresseuse d'Henri Calet. Je ferme mon appartement et avance dans la nuit, sac à dos à l'épaule et valise à roulettes traînée derrière moi.
Mon train pour Paris part à 6 h 39. En traînant ma valise, un doute me prend : peut-être que j'aurais dû racheter des chaussures. Mes semelles me paraissent un peu fatiguées, et la marche dans les rues de Florence pourrait finir par les percer... l'accident bête... Je croise un éboueur qui pousse deux conteneurs à ordures dans une petite rue - un compagnon de réveils nocturnes. Mais lui, c'est son métier qui veut ça.
J'essaie de ne pas trop penser que ce voyage vers Paris risque de s'avérer inutile, et que je n'irai pas plus loin - mais lorsque j'arrive à la gare de Laval, la marchande de journaux est justement occupée à ouvrir le Relais H, et à apporter les paquets de journaux vers leurs présentoirs respectifs. Et bien sûr, la nouvelle qui avait fait la "une" du journal télévisé hier soir a éclaboussé les premières pages de tous les quotidiens du matin : "Un nuage de cendres paralyse le trafic aérien" (Ouest-France), "L'espace aérien européen paralysé par un nuage volcanique" (Le Figaro), "Le volcan qui paralyse l'Europe" (Aujourd'hui en France)... Depuis hier soir, tous les aéroports du nord de l'Europe ont été obligés d'annuler leurs vols, Roissy l'a fait également, précisant que le trafic ne reprendrait pas au minimum avant dix heures. Mon avion doit décoller à 12 h 05. Je sais qu'il ne partira pas à l'heure, mais j'imagine encore que si le vent se met de mon côté, peut-être qu'un départ en fin de journée est encore envisageable... Je m'imagine déjà passant ma journée à Roissy, les heures s'écoulant lentement, dans une pagaille monstrueuse et vaguement angoissante, touristes incrédules, familles éplorées, étudiant à guitare sèche persuadé que pour détendre l'atmosphère générale, il faut chanter "Tout le bonheur du monde" ou (comique de situation) "Envole-moi" et à qui tout le monde a envie de faire avaler sa six-cordes... Mais bizarrement, je me sens détendu face à cette perspective. C'est qu'en apprenant la nouvelle hier, une fois la surprise passée, j'ai immédiatement songé qu'au pire, si mon voyage à Florence tombait à l'eau, ça me ferait toujours de l'écrit.
C'est tout moi, ça. Je peux être assez facilement sujet à l'angoisse, je fuis généralement les situations qui me paraissent compliquées, je déteste l'improvisation de dernière minute, j'ai horreur de la foule et de l'attente vaine, en cas de coup dur je ne suis absolument pas débrouillard... mais il suffit que je prenne un peu de recul, que j'analyse la situation et que je projette d'en faire un récit détaillé, et voilà que mon regard change totalement, je peux même m'amuser, comme si je n'étais pas plongé dans le marasme, comme si ça ne me concernait plus, que je n'étais qu'un témoin extérieur à la scène...
Alors, attendant mon train sur le quai de la gare, mes bagages autour de moi, je souris un peu en pensant à la situation. J'ai prévu du linge pour neuf jours, il a fallu que je fasse de sérieuses économies sur mon salaire minable de travailleur à mi-temps (554 euros par mois, les lecteurs veulent des chiffres), mon appareil photo est prêt à fonctionner, j'ai prévu des guides sur Florence et même un guide de conversation en italien (j'y ai notamment appris qu'au revoir se disait arrivederci et non pas va fanculo, ce qui est toujours bon à savoir quand on veut éviter les malentendus), bref: je suis fin prêt pour passer un peu plus d'une semaine à Florence - et finalement, pour l'instant, tout ce que je peux dire, c'est que je vais à Paris. Ensuite, c'est un peu plus compliqué.
Dans le train, je suis déjà prêt à écrire, professionnel à mort, je sors mon carnet, mon stylo, et je commence : "Je connaissais l'expression "se coucher à quatre heures et demie du matin"..." - mais le train est constamment secoué, je dois m'interrompre à chaque léger virage, alors j'abandonne. Du coup, je dormirais bien un peu, mais le couple d'à côté n'arrête pas de parler. La femme, surtout, a un débit impressionnant. Moi qui suis plutôt taiseux, je réalise en l'écoutant qu'on n'est vraiment pas égaux devant la parole. Au moment de mourir, il y a ceux qui auront passé leur vie à bavarder, à discourir sans cesse ; et ceux qui n'en auront pas dit beaucoup plus que ce qu'ils jugeaient absolument nécessaire de dire. Et de ces deux-là, ce sont sans doute encore les premiers qui jugeront, dans leurs derniers instants, qu'ils avaient encore des choses à dire ! Bref, elle est intarissable, alors je regarde le jour se lever en diagonale à travers les fenêtres du TGV. Le matin est brumeux, mais je sais qu'il faut attendre d'avoir quitté la Sarthe pour espérer voir disparaître le brouillard, qui est l'état permanent du département...
Bien sûr, je réfléchis encore à la situation. Toute la semaine, des éléments ont paru se dresser devant moi pour compromettre mon voyage. A cause des grèves de la SNCF, il m'a fallu batailler pour réserver mes billets de train, j'avais commandé une carte bleue à ma banque et celle-ci ne m'est pas parvenue à temps (je transporte donc trois cents euros en liquide dans mes bagages), l'ami que j'allais rejoindre à Florence ne m'avait pas précisé l'adresse de l'hôtel où j'étais censé le retrouver... Des petits détails, certes, mais j'ai tendance à considérer le simple fait de sortir de chez moi comme une aventure. Même le quotidien n'est pas facile, pour moi : c'est à peine si je sais lacer mes chaussures tout seul ! Alors quand il me faut "quitter le territoire", comme vous dites, j'ai besoin de me sentir rassuré. Et pour me sentir rassuré, il ne faut pas laisser place à l'improvisation. Mais finalement, toutes ces zones d'ombres avaient fini par s'estomper une à une dans la journée de jeudi, et j'avais retrouvé la sérénité : j'allais prendre l'avion, je serais à Florence en début d'après-midi ce vendredi, tout était prêt... Jusqu'à ce moment, donc, où j'ai regardé les infos.
Le plus drôle, c'est que j'aime ça, moi, les volcans. Par exemple, je suis un grand admirateur du Krakatoa, pour l'ensemble de son oeuvre. J'aurais sans doute été beaucoup plus révolté - bien que je ne sois pas l'homme des grands emportements - si l'annulation des vols étaient dûs à des mouvements sociaux, à des pannes à répétition ou à des menaces terroristes. Mais je m'incline devant la majesté du volcan islandais. L'expression même, "volcan islandais", est d'un exotisme qui me donne des frissons. Et le nom du glacier qui le recouvre : Eyjafjallajökull ! Et son nom, à lui : Eyjafjöll ! C'est pas mignon ? On se croirait dans une chanson de Björk...
Descendu à la gare Montparnasse, je continue de traîner mes bagages, le long du quai, dans la salle des pas perdus, d'un escalator à l'autre jusqu'aux portillons du métro. Il est 8 h 20, ce n'est pas encore la cohue, je m'efforce de ne penser à rien, me retourne sur les jambes des femmes - je suis presque heureux d'être simplement à Paris... J'emprunte la ligne 6 du métro jusqu'à Denfert, et de là je monte immédiatement dans le RER B qui s'apprête à partir. Et qui part. C'est là, je crois, que je commence à me dire que la plaisanterie est un peu longuette. Il n'y a plus de place où s'asseoir, je suis encombré de mes bagages et je considère avec effroi le nombre de stations qui me séparent de l'aéroport Charles-de-Gaulle, et la lenteur avec laquelle nous passons d'une station à une autre.
Heureusement, à Châtelet, beaucoup de gens descendent et peu montent. Je peux m'asseoir sur un strapontin et lire un peu. Je sors de mon sac le Figaro littéraire acheté la veille et lis les commentaires de Simon Leys sur l'ultime roman de Nabokov, que le fils du romancier a choisi de publier, contre l'avis de l'auteur et celui de Vera Nabokov. Je m'intéresse aussi à l'histoire de cette photo de Rimbaud adulte qui vient d'être retrouvée par hasard. Dingue, cette histoire, non ? Le RER est sorti de terre, nous traversons des banlieues tristes. De La Courneuve à Aulnay-sous-Bois, on se demande bien ce qui peut animer ces cités. Bien sûr, je n'en distingue que les abords des stations du RER, toutes plus ou moins en travaux, toutes couvertes de tags, toutes désertes et froides sous le soleil qui fait ce qu'il peut pour donner de la couleur au désastre...
Il m'aura fallu une bonne heure pour atteindre le terminal 2 de Roissy, terminus de la ligne B. A travers les vitres du RER, j'ai vu des bouts d'avions, la queue souvent, dépassant derrière les bâtiments de l'aéroport, tous en ligne, bien rangés sous l'ombre des tours de contrôle. Il n'y a personne dans cette gare... Je remonte à l'air libre par les escaliers et j'ai à peine posé le pied sur le bitume que la navette arrive pour faire le tour des terminaux : 2B, 2C, 2D, 2E, 2F, 2G... Ma feuille de réservation indique le terminal 2G, le dernier de la liste. Le bus nous emporte, moi et une poignée de voyageurs (où vont-ils ? sont-ils au courant de ce qui se trame ?), d'un terminal à l'autre. L'aéroport est plongé dans le silence. A chaque station, une voix synthétique nous informe : "2B !... 2C!..." Un écran dans le véhicule indique même les minutes qui nous séparent de la prochaine station et l'heure d'arrivée prévue. Pourtant, rien ne presse. J'arrive enfin au terminal 2G, deux heures avant l'horaire prévu pour mon embarquement - comme les compagnies aériennes nous conseillent habituellement de le faire.
Eh bien ! Pour l'atmosphère surchauffée, la pagaille monstrueuse, les touristes incrédules, les familles éplorées et les étudiants à guitare, je repasserai ! Nous sommes très exactement trois à sortir du bus (j'ai compté) et à entrer dans ce terminal ridiculement petit. Une femme brune en jupe, belles longues jambes, qui s'en va tout de suite vers la gauche lorsque les portes mécaniques s'ouvrent, et un homme qui a disparu je ne sais où puisque je suivais les jambes de la femme. Tous les guichets d'embarquements ont les stores baissés, mais des hôtesses d'accueil en habit sont tout de même installées à proximité. Je m'approche des rubans qui délimitent la file d'attente (j'ai de fortes chances de passer en premier), et un employé m'arrête poliment :
"Bonjour, monsieur. On peut vous renseigner ?"
J'explique que voilà, j'avais un vol prévu à midi cinq pour l'Italie, et que je voulais juste savoir s'il était possible d'envisager qu'il y ait des départs dans la journée, même en soirée...
"Alors pour l'Italie, monsieur, je préfère être clair : il faut pas espérer partir avant 48 heures, voire 72 heures. Voilà ce que je peux dire pour l'instant. On n'a encore jamais vu ça. On sait pas du tout comment ça va évoluer. Moi, le seul conseil que je peux vous donner, c'est de reporter votre voyage..."
Je le remercie, c'est ce que je vais faire alors, je préfère aussi qu'il soit clair, au moins je suis fixé. Pendant qu'il m'expliquait les choses, l'une des hôtesses s'est rapprochée de nous, très belle, des yeux très verts, à croire qu'elle a été choisie dans une agence de mannequins. Je vais tout de même soulager ma vessie dans les toilettes de l'aéroport, histoire de ne pas être venu pour rien, et quitte le bâtiment. Je remonte dans la navette, et nous voilà repartis en direction de la gare. Le bus repasse d'un terminal à l'autre, récitant l'alphabet à l'envers : 2F, 2E... Le long des bâtiments, je vois des camionnettes de M6, de France Info, de TV5, et j'imagine que c'est là, dans ces terminaux beaucoup plus vastes, que j'aurais pu croiser des voyageurs en détresse, des étrangers désespérés de ne pouvoir rentrer chez eux, enfin bref, des trucs à raconter, quoi... Non seulement je n'irai pas à Florence, mais en plus, mon super reportage dans l'enfer de Roissy est foutu. Je m'imaginais dans la peau d'Albert Londres, je suis tout juste un pauvre Arthur Manchester, un loser quoi...
Retour dans le RER, je reprends la banlieue à rebrousse-poil, il est quelque chose comme dix heures et demie du matin et ma journée n'a plus vraiment de but. Le train replonge sous terre comme un rat. Retour à Denfert, ligne 6, retour à la gare Montparnasse. A force de traîner ma valise, j'ai l'impression que mon bras droit s'est allongé d'au moins trois mètres.
Il ne me reste plus qu'à échanger mon billet de retour : j'étais censé prendre le train à mon retour d'Italie, le 25 avril, je vais le prendre aujourd'hui. Histoire de ne pas avoir tout perdu, je choisis de partir en fin de journée. Ce serait vraiment bête d'être coincé à Paris et de ne pas en profiter ! Seulement...
Seulement, il est bientôt midi, et il y a toujours des grèves à la SNCF. La plupart des guichets sont clos, il faut faire la queue pour obtenir ses billets. Après avoir traversé des endroits déserts, je suis découragé à l'avance d'attendre au milieu de la foule, dans le vacarme de la gare... Mais je prends ma place dans la file et mon mal en patience, mes bagages autour de moi, avançant comme un escargot. Mon nouvel horaire de train : 16 h 30. A cette heure-là, je devrais déjà être à Florence, me reposant sans doute de la fatigue du voyage dans ma chambre d'hôtel.
A 12 h 05, au moment où mon avion aurait dû décoller, je piétine dans une autre file d'attente, pour racheter des tickets de métro. Devant moi, un jeune couple. La fille est une blonde aux yeux bleus dont le jean, extrêmement serré, semble avoir été cousu directement sur ses jambes fines. La belle fille dans toute sa splendeur : pas vraiment mon genre. Je les aime bien avec quelques défauts, je crois... Le mec, lui, a un air de petite frappe. La fatigue commence à se faire sentir, je ne trouve plus du tout les gens sympathiques. J'aurais peut-être dû, finalement, prendre le premier train pour Laval.
Le métro me crache devant l'église Saint-Eustache. Après avoir un peu traîné dans les rues ensoleillées, j'ai décidé qu'en fait de profiter de cette après-midi parisienne, je me contenterai d'une visite à la FNAC des Halles. A 14 h 05, au moment où mon avion aurait dû atterrir, j'hésite devant les bacs de vinyles entre le Trout Mask Replica de Captain Beefheart et un album des Cramps, Look Mom No Head ! Ce sont ces derniers qui remportent le match, uniquement parce que leur disque était le moins cher.
Je n'en peux plus de traîner cette valise, surtout sur la moquette de la FNAC, dans le désordre des clients, entre les livres et les disques... Il suffirait que j'aie un peu les mains libres, et j'irais avec plaisir traîner du rayon littérature au rayon histoire, je passerais même un bon moment dans le coin des DVD - mais là, chaque pas supplémentaire me coûte. Allez, je passe aux caisses et retourne dans le métro.
Avec tout ça, je n'ai pas déjeuné. Alors que je devrais être en train de me retourner sur les Italiennes autour de la piazza della Stazione, je me retrouve une fois de plus à Montparnasse, assis à une table de la "pizzeria" Enzo, avec un maxi pain au chocolat et un cappuccino tout juste passable. Aucune envie de me plonger dans le Voyage du Condottière - d'ailleurs, qu'on ne me parle plus de voyages ! Alors je feuillette l'édition du Monde qui vient de paraître. "Le volcan qui paralyse le ciel européen. Des milliers de vols annulés, une situation sans précédent depuis le 11 septembre 2001." Bon, okay : c'est quand même la classe. C'est un peu aussi de moi qu'on parle, dans les journaux...
La journée, elle, ne passe pas. Je lorgne du coin de l'oeil les femmes en jupe qui montent et descendent les marches qui mènent au quai, espérant un peu voir ce qui se cache là-dessous. Mais c'est vraiment pour m'occuper, rien de plus : la fatigue m'est tombée dessus et je n'ai qu'une envie - dormir. Il y a des jours où il ne faudrait pas se lever, surtout à quatre heures et demie du matin.
Je me demande quel scrupule a retenu mes parents de m'appeler Ironie du Sort. C'est pourtant un nom qui m'aurait parfaitement convenu. Quand arrive enfin l'heure du départ, les mouvements de grève de la SNCF, qui m'avaient un peu épargné jusqu'à présent, ont provoqué un retard d'environ vingt minutes sur mon train. Le plus ennuyeux, c'est que je sais d'avance qu'il sera bondé, et que je devrai me contenter, au mieux, d'un strapontin près de la porte. Si je veux un peu fermer les yeux, ce n'est pas l'idéal. Quand le TGV est enfin prêt, c'est une cavalcade sur le quai, entre chariots, valises, sacs, cris et bousculades. Quand j'atteins ma voiture, je pousse un soupir de soulagement : il n'y a pas encore trop de monde, je vais pouvoir m'asseoir, ce que je fais.
Tout irait d'ailleurs pour le mieux, si ne s'était pas assise face à moi une grosse Noire portant sa fille sur le dos, gamine qu'elle nourrit et à qui j'ai eu le tort de sourire, puisqu'elle n'aura de cesse, ensuite, de vouloir me taper sur l'épaule, avec la main d'abord, avec son hochet ensuite. Heureusement, la mère lui confisque l'objet. Arrivé au Mans, je constate que j'ai passé le reste du voyage à dormir, et la fillette aussi (il me semble d'ailleurs que sa sieste était la condition nécessaire à la mienne). Mère et fille s'en vont, je me redresse un peu et ce sont deux jolies étudiantes, une brune et une blonde, qui montent dans le train et m'accompagneront jusqu'à Laval (elles descendent à Rennes), assises par terre, écoutant leur ipod d'une oreille chacune, partageant les mêmes écouteurs. Elles font une école de kiné, d'après ce que j'ai compris. Ca tombe bien, je suis un peu tendu, ces temps-ci.
"Vous êtes arrivé à Laval. Laval, deux minutes d'arrêt..."
Me revoilà chez moi, où personne ne m'attend. Que vais-je faire de cette semaine où j'aurais dû être en Italie ? Je suis dans ma ville comme un étranger, quelqu'un qu'on n'attend plus. Une sorte de colonel Chabert. De quoi j'aurai l'air, quand tous ceux à qui j'avais annoncé mon départ vont me croiser dans les rues lavalloises ? "Tiens, qu'est-ce que tu fous-là, toi ? Tu devais pas partir à Florence ?"
Oh, vous savez, Florence, on en a vite fait le tour...
7 commentaires:
Genial, plein d'humour et de poésie aussi, comme d'habitude!
jugurta
Mais pourquoi vouloir aller en Italie par les airs ? Tu n'es pas une mouche que je sache ...
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Bordel de Dieu ! le blog a des ratés pour m'enregistrer ... il n'y a pas que toi qui a des problèmes pour t'envoyer en l'air !
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La prochaine fois que ton avion te rate, viens me voir à Rueil, je recueille tous les chiens perdus sans collier du moment qu'ils aient quelque apparence virile que ce soit !
iPidiblue chien retrouvé
Je ne sais pas pourquoi, mais hier, en apprenant le retour du nuage islandais, j'imaginais que vous aviez choisi précisemmennt cette date pour refaire une tentative en direction de l'Italie...
Tiens ! Raphaël, sur le blog de Montalte je disais que je préférais ta lecture à celle de Pierre Michon mais ton ami Pierre Cormary n'a jamais voulu laisser passer mon message ! Je me demande s'il n'est pas quelque peu jaloux de ton talent ...
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