lundi 30 juillet 2012

Mykonos en kimono (J.O. d'Athènes 2004)


J’avais dit aux copains : laissez-moi m’occuper du judo. Je n’ai évidemment aucune connaissance particulière dans cette discipline, je saurais à peine différencier un osoto gari d’un osso bucco, mais j’avais un calembour à placer en titre, avec « kimono ». D’ailleurs, Yanis était près de moi pour me venir en aide et, tout en dégustant son grec-frites avec ses doigts graisseux, il m’expliquait en quelques mots les différences (beaucoup plus importantes qu’on ne pourrait le croire) qui opposent le judo et le catch féminin. En judo, par exemple, il est permis de tirer sur les vêtements. C’est même recommandé.  Quand j’étais petit, j’ai dû faire un an et demi de viet-vo-dao. Ma mère tenait absolument à me trouver une activité sportive dans laquelle je m’épanouirais, et au Palindrome, le viet-vo-dao, c’était à peu près tout ce qu’il y avait avec le foot. Je vous parle de ça, c’était au début des années 80… Il ne m’est pas resté grand-chose de mon expérience, juste le fait de savoir compter jusqu’à dix en vietnamien. Ce qui ne me sert pas tous les jours. Mais moi aussi j’ai porté ce genre de pyjama (sauf que le mien était noir), et je n’aimais pas trop cette sensation d’être tout nu là-dessous. Il ne fait pas chaud, dans un gymnase, surtout quand on est aussi peu sportif que moi. Et puis j’avais toujours un peu de mal à nouer ma ceinture, et comme mes camarades s’agrippaient à mon haut de pyjama pour me faire tomber (alors qu’il aurait suffi de me le demander), je me retrouvais toujours plus ou moins à poil. Tout ça pour dire que j’étais un peu surpris de voir qu’ici, aucun téton ne surgissait d’une échancrure, aucun pantalon ne glissait sur les chevilles de sa propriétaire… On a bien raison de dire que les arts martiaux, c’est avant tout la maîtrise du corps. La Française Frédérique Jossinet, tout de même, avait un peu de mal à rester élégante face à la Japonaise Ryoko Tani. Mais elle avait eu la présence d’esprit d’enfiler un tee-shirt sous son kimono. On reconnaît les professionnels quand même… J’ai piqué quelques frites à Yanis, discrètement, pour ne pas heurter sa susceptibilité : je n’oublie pas qu’il a du sang belge. On ne s’attaque pas impunément aux Nippons sur un tatami, Frédérique.

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