[Ce texte a été écrit et lu à l'occasion de la "fête de la musique des copains" organisée dans le jardin de dame Mélina du Serpolet le vendredi 18 juin de l'an de grâce 2010 (jour de la saint Léonce). Des instantanés de cette soirée mémorable qui regroupait des artistes aussi talentueux que le Solitude Collective Orchestra, DJ Zukry, ou encore les Michel Fugainz dans une indépassable reprise de George Michael, le tout dans un joyeux bordel, sont désormais gravés dans la cire numérique et peuvent s'écouter sur le site de l'émission Les Hommes préfèrent les ondes, sur L'Autre Radio. Les photos sont de Virginie Basset et de Rémi Hagel.]
Il faut cultiver son jardin. Et quand je dis cultiver son jardin, je ne pense pas à Alexandre Jardin, bien sûr : pour lui, il n’y a plus rien à faire. Non, je pense à ce jardin, au jardin. Un jardin à la française, discret, camouflé sous les jupons des façades dix-neuvième, clos de mur, à l’abri. Il faut cultiver son jardin secret.
Le Douanier Rousseau en aurait fait une jungle, de ce jardin de la rue du Douanier-Rousseau. Il y aurait planté des lions en fleurs, avec des enfants agrippés à leurs crinières, il y aurait élevé des arbres, fermement accrochés à leurs singes, et fait pousser des serpents à la face amicale, blottis dans les cheveux verts des arbres.
Mélina n’est pas le Douanier Rousseau, jusqu’à preuve du contraire, mais son jardin ce soir deviendra aussi une jungle, si elle le veut. Peut-être même qu’on y jouera de la jungle, qui sait ? On est capable de tout.
La chasse au lion est ouverte ce soir ! Lions mélodiques et autres félins du rythme, les rois de la jungle des sons sont de sortie ! Sous l’arbre à palabres, c’est l’appel du 18 juin ! Radio-Londres en direct !
« Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la fête. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus (l’abus d’alcool est dangereux pour la modération) peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la fête n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Cette fête n’est pas limitée au territoire malheureux de notre jardin. Cette fête n’est pas tranchée par le plateau de charcuterie et d’apéricubes. Cette fête est une fête mondiale. Ou en tout cas, elle pourrait, si on connaissait suffisamment de monde. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance festive ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
Mais je m’égare. Revenons à nos lions.
J’imagine bien un ethnologue, un Claude Lévi-Strauss ou un Jean Rouch en rupture de Niger, s’aventurer penaud entre les Korg et les Roland, les jacks et les potards, comme au devant des Haoukas d’Afrique Noire, traversés par les esprits des dieux de la ville et de la technique comme un parapluie par la foudre, et qui se jetaient au sol la bave aux lèvres pour se redresser aussitôt, au garde-à-vous, et se jeter à nouveau, possédés.
Nous pourrions bien être possédés aussi, nous, à la tombée de la nuit, regroupés comme des antilopes autour d’un point d’eau – ou comme des lions, donc, autour d’une antilope. Nous laisser envoûter par les tam-tams électroniques, les balafons numériques et les arcs à six cordes, le corps recouvert de peintures tribales mentales, la civilisation à portée de main, mais la tête pleine de brousse ! D’ailleurs, n’est-ce pas l’année du Tigre ? Il y en a, parmi nous, qui viennent à peine de sortir de prison – c’est dire si on est prêts à tout.
« Nightclubbing, we’re nightclubbing… » me disait encore pas plus tard qu’hier Iggy Pop, qui n’a pas pu venir. On nightclubbera sans lui, on est grands. La France a perdu une bataille (contre le Mexique, notamment), mais elle n’a pas perdu la guerre. Tous ensemble, unis dans notre solitude collective, nous danserons jusqu’à faire pousser les radis, pour honorer la mémoire de nos ancêtres les lions. On m’objectera sans doute qu’il n’y a pas de radis en Afrique. Alors, réjouissons-nous de ne pas être en Afrique, mais bien là, réunis dans le jardin de Mélina, rue du Douanier-Rousseau, ce petit carré de jungle domestique.
Il reste des bières ?
3 commentaires:
Au sujet du festival Hellfest de Clisson, Bernard Debré proteste sur Riposte catholique :
"Du 18 au 20 juin, s’est déroulé un festival de chansons et de musiques hardcore punk, le Hellfest, la fête de l’Enfer, curieuse démonstration satanique. De quoi était-il question dans ces chansons ? Les rumeurs prétendaient que les paroles étaient inacceptables, j’ai regardé et vu… invraisemblable ! Il était question d’empaler le Christ, de mettre la croix chrétienne à l’envers, de déterrer les morts… J’en passe et des meilleures. Il s’agissait d’une manifestation anti-chrétienne, vulgaire, outrageante pour les croyants. Insultante… méprisante… bref une manifestation ordinaire de haine ! Bien entendu ce festival a été subventionné par le conseil général et le conseil régional : il faut hurler avec les loups et surtout ne pas apparaître comme les défenseurs d’une religion ? Bien.
Mais que se serait-il passé si, au lieu d’attaquer la religion chrétienne, les paroles avaient été outrageantes pour l’Islam ou la communauté juive ? Vous l’avez deviné, il y aurait eu un tollé général. La HALDE, la LICRA, les défenseurs des droits de l’Homme, bref l’unanimité des hommes et femmes politiques, des journalistes etc. auraient crié au scandale, à raison du reste. Les coupables auraient été traînés devant les juges, condamnés à de lourdes amendes et peut-être même à des peines de prison avec sursis. Pourquoi deux poids, deux mesures ? Pourquoi le politiquement correct permet d’insulter les confessions chrétiennes et interdisent de dire quoi que ce soit sur les autres religions ? Les obligations de l’Etat en matière de laïcité ? Qu’on ne se méprenne pas, je n’accepte ni l’islamophobie, ni l’anti-sémitisme, ni les attaques contre les autres religions, mais je m’insurge contre ce laxisme anti-chrétien qui traduit un laisser-aller moral, une honte de ses propres valeurs et de son histoire. Quant aux subventions, elles sont honteuses, inacceptables, certainement illégales, mais nous sommes habitués à ce genre de dépenses… Ainsi va la France, si personne ne dit la Vérité !"
Rapporté par iPidiblue l'africain de Rueil-Malmaison
"Mettre la croix chrétienne à l'envers"... Les métalleux du Hellfest seraient donc inspirés par saint Pierre ?
Ce qui me surprend, c'est d'apprendre que Bernard Debré parvient à décrypter les paroles des groupes de metal, qui passent pour être des grondements et des grognements incompréhensibles...
Un urologue peut tout faire même sonder les prostates !
iPidiblue éloge de l'urologie
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