mardi 11 octobre 2011

Bag of Bones [épisode 02]


C'est bien joli de vouloir monter un groupe de rock, mais il suffit pas de lui donner un nom. Je veux dire, honnêtement, y'a pas vraiment de musiciens parmi nous. Bon, à part le Steven, mais lui son truc c'est le piano. Essayez de jouer l'intro de "Smoke On The Water" au piano, à mon avis vous risquez de vous faire courser par le fantôme de Kurt Cobain armé d'une tronçonneuse ! On a voulu faire le tour des instruments de musique qu'on avait, et d'abord on s'est dit qu'on en avait à peu près zéro virgule deux à nous quatre. C'est-à-dire qu'Adrien doit avoir un harmonica, et moi une demie flûte à bec. Les voisins peuvent pas se plaindre.

Steven a quand même fait remarquer qu'il avait un synthé chez lui, je lui ai dit : "Tu veux pas plutôt faire le mec qui court partout sur la scène pour ramasser les pieds de micro et les cymbales ?", et c'est là que Florian a dit qu'à propos de cymbales, son oncle avait une batterie qu'il pourrait peut-être nous prêter. Il paraît qu'il a fait du balloche quand il était jeune, ou je sais pas quoi, et que c'était même un fan de Phil Collins. Ouais, je sais, moi aussi ça m'a fait bizarre : wow ! y'a peut-être un fan de Phil Collins dans le monde, et c'est l'oncle à Florian, dis donc !

Mais en tout cas, ça a réglé la question de la batterie. Du coup, comme Adrien bosse toutes les vacances chez ses parents qui tiennent un restau et qu'il a un peu de thunes de côté, on s'est dit qu'on irait voir un peu les guitares et les amplis dans un magasin de musique. Ça se goupillait pas mal du tout, notre affaire. Florian serait à la batterie, Adrien à la gratte (en plus il les dessine super bien) et moi derrière le micro. Logique qu'on ait les meilleures places, celles qui font craquer les filles, puisque le groupe, c'est notre idée ! C'est pas planqué derrière une grosse caisse que je pourrai éblouir Noémie...

Un mercredi après-midi, Adrien et moi on s'est pointé dans un magasin de musique et on a commencé à baver devant les espèces de mitraillettes à cordes qu'il y avait là, et un type chevelu est sorti du magasin en bousculant un peu Adrien avec un vague "désolé", et Adrien s'est retourné vers moi genre livide, et il m'a dit : "T'as vu ce mec ?" Moi, j'avais pas gaffe, j'étais resté bloqué devant une Fender blanche. "Non, mais t'as pas vu ? C'était le guitariste d'Homestell !" Ah bon ? J'ai jeté un oeil dans rue voir s'il était encore dans le coin, mais que dalle. Alors là, je me suis dit ouaaah, dans quelques mois peut-être, y'aura des mecs comme nous qui nous croiseront dans les rues et qui se retourneront : "Eh, ce s'rait pas les gars de Bag of Bones ?" Bon, j'ai dit à Adrien qu'était encore à dix mètres du sol, tu l'achètes, ta guitare ? A l'heure qu'il est, on devrait déjà être des stars !

Tranzistor, N° 44, automne 2011.

1 commentaire:

iPidiblue dit Richie a dit…

Eh ben voilà ! des filles, de la gratte, de la dope ... voilà que Johnny Juldé nous la joue cool-Fonzie !