« La rêverie est le dimanche de la pensée. »
Henri-Frédéric Amiel, Journal intime.
Allez il faut s’y mettre le monologue intérieur qu’est-ce
que j’ai à dire sur le monologue intérieur commencer par Dujardin évidemment
Édouard Dujardin j’ai même pas lu Les Lauriers sont coupés d’ailleurs je
crois pas qu’on lise beaucoup Dujardin de nos jours les universitaires
peut-être à la rigueur enfin bon je connais un peu le sujet quand même ce
passage au restau où il commande du poulet tout ce bavardage descriptif qui je
connais j’ai lu ça quand même toutes ces descriptions façon flux de conscience
mais bien trop ordonné tout ça bien trop précis des couleurs des objets en
pagaille et on sait bien que la pensée intime ce n’est pas ça c’est complètem ‒
personne n’énumère comme ça dans sa tête tout ce qu’il a sous les yeux à moins
d’être maniaque si je suis au restaurant ma pensée peut aller partout elle je
vais pas nommer chaque objet que j’ai sous les yeux les serviettes pliées comme
ci comme ça la pensée vagabonde je peux penser à mes prochaines vacances à ce
que j’ai fait de ma journée aux gens rencontrés et revenir à la cuisson de mon
poulet et repartir loin les factures à payer une fille à l’autre bout de la
salle mes lectures du moment donc le monologue intérieur c’est déjà un mensonge
et il faudrait commencer par ça par le mensonge juste un procédé comme un autre
l’écriture automatique je pose les mots les uns à la suite des autres comme ils
me viennent et hop voilà mon courant de pensée mon flux de conscience ‒ à moi
Joyce et Beckett et Virginia Woolf le Nouveau Roman et tout ça où est-ce que
j’avais lu qu’on ne pensait pas en alignant des mots les uns à la suite des
autres mais par images il faudrait que je retrouve ça et Molly Bloom dans Ulysse
on a vraiment là l’impression d’être dans un flot de pensées dans une
conscience et une conscience ensommeillée succession d’idées sans lien entre
elles parfois des fantasmes qui ressurgissent et tout le côté inconscient
freudien tout ce qu’on veut là encore écriture composition agencement rien à
voir avec un véritable flux incohérent et pourtant l’incohérence est là écrite
par Joyce agencée par Joyce mais enfin on a le sentiment d’être quand même
embarqué dans un esprit assoupi qui laisse aller toutes ses réflexions on se
rapproche quand même de quelque chose même si encore une fois on est très loin
de et moi bien sûr ma façon d’écrire là comme au fil de la plume sans
ponctuation et d’avoir l’air de me creuser la tête de faire des ébauches
mentales des machins évidemment c’est il faudrait que je rajoute des gros seins
pour faire encore plus flot incontrôlé c’est bien ça des gros seins qui
surgissent comme ça les jambes de ma voisine au café paf fantasme direct genre
le mec qui réfléchit au monologue intérieur à son article à écrire et qui se
laisse envahir par sa libido mais c’est des conneries c’est de l’écriture un
pur mensonge déjà des mots comme ça ébauches mentales ou même libido ils me
viennent pas si vite à la tronche putain d’arnaque on vous vend du monologue
intérieur à vingt euros le bouquin tu parles c’est un truc
complètement reconstruit bien rédigé pour faire vrai mais c’est du toc
remboursez c’est comme la caméra subjective dans les films genre on vous fait
croire que vous voyez à travers les yeux du héros non mais on nous prend pour
des cons vous avez vu le champ de vision hyper réduit que ça a une caméra rien
à voir avec la vue humaine putain remboursez ceci n’est pas une pipe quoi merde
et alors pourquoi le mono ‒ pourquoi on s’est amusé avec le monologue intérieur
au vingtième siècle et pourquoi je sais pas Ovide Chrétien de Troyes ou
Montaigne s’en sont pas occupés d’ailleurs tiens Montaigne justement Les
Essais ce retour permanent sur le texte pour le retravailler mais là je
m’éloigne du sujet pourquoi le vingtième pourquoi le monologue intérieur au
vingtième siècle et même déjà un peu avant déjà des traces chez Flaubert alors
oui bien sûr le vingtième crise du sujet crise du narrateur vlan arrivée de
Freud qui te fout de la névrose partout et de l’inconscient et les surréalistes
qui cognent à la porte de l’inconscient ouvrez là-dedans ça nous branche nous
les labyrinthes et les machins un peu obscurs tout ce qui déraille et pourquoi
qu’on bande on veut savoir comment ça marche là-dedans ouvrez ou on défonce la
porte avant ça les héros partaient faire la guerre et voyager pour se découvrir
vraiment maintenant on voyage en soi-même c’est moins cher c’est la crise on
fait plus la guerre on rentre plus à Ithaque Pénélope tu nous as fait quoi à
bouffer non on reste peinard chez soi à se regarder le dedans.
1 commentaire:
Tes citations sont hyper-chiadées ! Qu'est-ce que tu monologues bien ... mon chou ! Ca ne te gêne pas que je t'appelle mon chou ?
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