Tous les
peuples ont fixé des anniversaires à la célébration de leurs triomphes, de
leurs désordres, ou de leurs malheurs.
Chateaubriand, Mémoires
d’outre-tombe
L’air de rien, on y est arrivé.
Je vous avoue que moi-même, je n’y croyais pas. La Bibliothèque de Jupiter a un
an. C’est rare, chez moi, cette régularité… D’habitude, j’ai plein de projets
en tête quand je me couche le soir, et le lendemain matin, j’en ai moitié
moins. Une fois que je me suis douché et habillé, j’ai même complètement oublié
que j’en ai eu. Je ne suis jamais suffisamment convaincu par mes enthousiasmes
pour y tenir très longtemps. Là, je ne sais pas pourquoi, je m’accroche. On
verra bien jusqu’où ça ira.
Le
plus drôle, c’est que même après une année de chroniques hebdomadaires, je
serais bien en peine de définir ce que c’est que ça : la Bibliothèque de
Jupiter. De courts articles consacrés à un thème en lien – plus ou moins étroit
– avec la littérature, tout cela baigné dans une bonne dose de sarcasmes et, de
temps en temps, un poil de pédagogie. Voilà, on pourrait dire ça.
Pourquoi
Jupiter ? Parce que ça paraît le jeudi, jour de Jupiter. Jovis dies, pour les latinistes, ou ceux
qui veulent se la raconter. Et pourquoi le jeudi ? Parce que les
suppléments littéraires des grands quotidiens nationaux (Libération, Le Monde, Le Figaro) paraissent le jeudi.
Oui,
c’est aussi bête que ça.
Les
chipoteurs m’objecteront que le supplément littéraire du Monde paraît dans l’édition datée du vendredi – mais puisque le Monde est un journal du soir, cette
édition paraît le jeudi après-midi, donc ça revient au même.
Ah !
Et il y a aussi le fait que, par chance, il n’existe pas de semaine des quatre
jeudis – auquel cas j’aurais eu quatre fois plus de boulot.
J’aimerais
bien savoir pour quelle raison les suppléments littéraires paraissent le jeudi…
Si j’apprenais que Le Monde et Libé se sont simplement alignés sur le
calendrier du Figaro pour une
question de rivalité, je pense que les quelques illusions que je conserve
encore envers l’espèce humaine s’évanouiraient d’un coup. Non, j’aimerais bien
qu’il y ait une raison historique, que le jeudi représente vraiment un jour
particulier dans l’histoire de la littérature, ça aurait quand même un peu plus
de classe… Mais bon, il s’agit de journalistes, on ne va pas trop leur en
demander non plus…
Bien
que je n’aie pas connu l’époque où le jeudi était le « jour des
enfants », il s’agit d’un de mes jours préférés dans la semaine. Je ne
sais absolument pas pourquoi. Peut-être parce que c’est le jour de la semaine
dont le nom est le plus proche du mien ? Quand il m’arrive d’avoir un
emploi, et que le jeudi se trouve être une journée particulièrement laborieuse
et éreintante, je vois ça comme un mauvais coup du sort. Une sale blague.
Seigneur, si Tu existes, ou Ton fils, ou n’importe quel membre de Ta Famille,
épargne mes jeudis. Merci. (Et sois sympa les autres jours aussi, si c’est pas
trop Te demander…)
Pour
en revenir à la littérature, le jeudi a au moins inspiré deux œuvres : un
roman métaphysique de Chesterton, Le
nommé Jeudi, dans lequel il est question d’une société secrète anarchiste
et d’un jeu de masques derrière lesquels la réalité échappe sans cesse au
protagoniste ; et un roman de Steinbeck publié en 1954, Tendre jeudi, qui est la suite de Rue de la sardine. Voilà. Ça fait
maigre, pour justifier le titre de cette chronique, j’en ai bien conscience.
Mais c’est mon anniversaire, alors je fais ce que je veux.
2 commentaires:
Mon cher Raphaël Juldé,
J'aime bien votre "Bibliothèque de Jupiter" car foin de modestie parlons vrai ; certain poète se disait Saturnien, seconde planète du système solaire pa la taille ; eh bien ! qu'il soit dit que vous êtes le plus gros astre de la littérature française et que Pierre Cormary cesse de faire sa jalouse en enflant comme une grenouille qui veut s'en faire accroire devant le boeuf magnifique que vous êtes.
Signé : Le Soleil père du système solaire en toute humilité.
Franchement Bernard Pivot nous la baillait belle avec ses "Apostrophes" ! Est-ce que vous avez une tête à être apostrophé par ce manant des lettres ? Pfuit ! tout cela c'est la petite monnaie du dictionnaire ...
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