jeudi 27 août 2015

Vers le fantastique, 5

Depuis le début de l’été, je participe à l’atelier d’écriture hebdomadaire que propose François Bon sur son site Le Tiers Livre. Un atelier qui tombait très bien, son thème étant le récit fantastique, juste au moment où, lisant les nouvelles de Richard Matheson et revoyant même des épisodes de La Quatrième dimension, je baignais dans le fantastique.
L’ambition finale de François Bon étant de composer un livre numérique à partir de tous les textes proposés, une consigne a été imposée dès le départ sur l’ensemble des futures contributions : que chacune d’entre elles soit constituée d’un paragraphe unique.
  
- Atelier n° 5 : pour un dictionnaire.
Un seul mot par paragraphe (et un paragraphe par contribution), longueur à votre gré. Les contributions seront classées par ordre alphabétique du mot choisi.

Charles-Louis Verboeckhoven, Le Naufrage de la goélette

Pour un dictionnaire

GOÉLETTE – Une goélette à la dérive sur une mer déchaînée. Un bâtiment russe, le Déméter, parti de Bulgarie et avançant toutes voiles dehors au creux des vagues gigantesques. À son bord, un tas de cadavres. Dans ses cales, des caisses remplies de terre. L’une d’elles a servi de couche à cet homme en noir, long et pâle, que mentionne le journal du capitaine. Quand on s’en va pour une traversée au long cours, éviter de mener la Mort en bateau. Les océans sont remplis de sombres histoires, l’équipage est isolé pendant des semaines sur une coque de noix : la peur et la folie sont des bagages dont on se passerait bien. Ô combien de Dracula, combien d’idoles d’argile, partis hanter de braves marins, dans l’aveugle océan leur ont fait perdre la raison ? Krakens et Léviathans peuplant les superstitions des matelots, vaisseaux fantômes et disparitions mystérieuses, depuis toujours les navires prennent le large dans un paysage fantasmagorique, et les femmes attendent leurs marins de maris en priant pour que la mer les ramènent sains et saufs. Iseut attend Tristan : voile blanche bonne nouvelle, voile noire mauvaise nouvelle. Et beaucoup de marins, partis joyeux pour leurs courses lointaines, ne sont jamais revenus au port. Et les légendes ont continué à s’alimenter, et le globe terrestre peut bien ne plus avoir de secrets, l’Autre Monde est toujours de l’autre côté de la mer, avec ses créatures. Et elles sont prêtes à embarquer.


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