Dieu n’avait fait que l’eau, mais l’homme a fait le
vin.
Victor Hugo, Les Contemplations
Beaucoup de nos grands écrivains ont
aussi été des alcooliques notoires. C’est à se demander s’il est bon de laisser
nos enfants s’approcher des livres, ces objets inquiétants remplis de mots, alors
qu’ils pourraient sans risque passer leur journée avachis devant la télé, une
manette de jeu vidéo en main, ou encore pratiquer quelque trafic au coin d’une
rue, ce qui leur donnerait au moins le sens des affaires.
On peut se demander, en effet, ce
qu’attendent les associations de parents d’élèves pour porter plainte contre
ces professeurs qui obligent nos bambins à lire Verlaine, Rimbaud ou
Baudelaire, ce ramassis d’ivrognes… Sans oublier Apollinaire, dont un livre
affiche même sans vergogne, en guise de titre, et au pluriel s’il vous plaît,
ce mot terrible : Alcools ! Comment ne pas condamner cette
littérature à l’haleine chargée, quand on sait que chaque année en France,
l’alcoolisme tue en moyenne cinquante mille personnes ? Qu’attend-on pour
ajouter sur la couverture des livres l’étiquette salvatrice : « L’abus
d’alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération » ?
Et les écrivains du sexe dit faible
ne sont pas beaucoup plus recommandables : Marguerite Duras et Françoise
Sagan, pour ne citer qu’elles, auraient pu faire un concours d’éthylotest avant
de prendre le volant de leurs machines à écrire ! Bonjour ivresse !
Armagnac, mon amour !
Si la littérature française baigne
dans des effluves malsains, que dire des écrivains anglo-saxons ? Ces
Faulkner, Fitzgerald, Bukowski, Kerouac et autres Malcolm Lowry, non contents
de s’adonner à la boisson, font une publicité éhontée pour leur vice
désastreux ! Tenez, Bukowski, justement : « un poème est une
ville remplie de rues et d’égouts / remplie de saints, de héros, de mendiants,
de fous, / remplie de banalité et de bibine… » Les égouts, la bibine,
les fous, mais bravo ! Bel exemple ! Voilà la poésie ! Voilà ce
qu’on apprend à nos gosses !
Et Baudelaire ? Non mais, lisez
Baudelaire ! « Il y a des gens chez qui le dégourdissement du vin
est si puissant, que leurs jambes deviennent plus fermes et l’oreille
excessivement fine. J’ai connu un individu dont la vue affaiblie retrouvait
dans l’ivresse toute sa force perçante primitive. Le vin changeait la taupe en
aigle. » On trouve ça dans Les Paradis artificiels, au chapitre
« Du vin et du haschisch ». DU VIN ET DU HASCHISCH ! Eh bien,
mais c’est parfait ! Encouragez les jeunes à devenir alcooliques et drogués,
monsieur Baudelaire ! Allez-y, les enfants, buvez : ça vous
fortifiera les jambes et décuplera vos sens ! L’alcool : remède idéal
contre la surdité et la myopie !
Et le binge-drinking ? Ah, ça, il n’en parle
pas, du binge-drinking, notre grand poète !
Alors, bien sûr, on m’objectera que ces auteurs que je cite
ont longtemps été absents des manuels scolaires, parce que l’on craignait
justement qu’ils ne détournent la jeunesse du droit chemin. Preuve
supplémentaire que notre époque est par trop laxiste ! Mais même nos
chères lettres classiques sont embrumées par les vapeurs éthyliques ! Des
ivrognes, notre bon vieux Gaffiot en regorge ! Pline l’Ancien écrivait
déjà, dans son Histoire naturelle : « L’homme doit au vin
d’être le seul animal à boire sans soif » ! Et Caton
l’Ancien : « Si l’on me demandait quel est le bien le plus
précieux de la Terre, je répondrais la vigne » !
Que conclure de tout cela, sinon que la littérature mène à
l’alcoolisme ? Observez un écrivain, et voyez si ça ne fait pas
pitié : il n’obéit qu’à ses propres horaires, se lève de bonne heure ou
fait la grasse matinée si ça lui chante, vit souvent seul (quelle femme, quel
homme, supporterait de s’attacher longtemps un tel boulet au pied ?),
rédige ses pages nonchalamment, à peine rasé, le cheveu en bataille, et passe
le reste de son temps dans l’oisiveté la plus totale, un livre en main (un
écrivain en train de lire est aussi répugnant qu’un ivrogne en train de boire)…
Rien d’étonnant à ce qu’il se laisse aller à tous les vices !
Nos enfants ont besoin de prendre exemple sur des hommes et
des femmes actifs, volontaires, entreprenants. Nos enfants sont l’avenir de
demain dès maintenant. Cessons de les intoxiquer avec l’image malsaine de ces
poètes en guenilles, au foie esquinté, qui se complaisent dans leurs vices,
prônant une attitude de rejet du monde tel qu’il est. Ce n’est pas ce que nous
voulons pour notre jeunesse. Qu’ils fassent une cure, ces granzécrivains, et
qu’ils retournent à Pôle Emploi !
8 commentaires:
Je suis ROUGE de colère en lisant ton message et je suis sobre comme à peu près tous les jours.
Ouhhh l'alcool c'est le MAL!!!
D'un père alcoolique et d'une mère qui ne boit jamais, je te jure que j'ai beaucoup plus appris en regardant mon père sur la vie que ma mère. Mon père m'apprenait la vérité des choses ( avec beaucoup de simplicité de beauté et de souffrance ) , ma mère leur surface ( il n'y avait aucune vie la dedans ) . A toi de choisir ton camp. Reste dans ta vision dorée des choses mais ne publie rien.
La littérature mène à l'alcool???? Tu prends le problème complètement à l'envers. C'est la vie elle même qui nous mène à la bouteille.
Mais faisons une expérience de pensée : laissons nos enfants grandir devant la télé, qu'ils s'enivrent de toutes ces conneries, qu'ils jouent de longue avec une manette entre les mains, en gros qu'ils s'abrutissent et ne comprennent rien de la VERITABLE realité des choses. Et quel sera le résultat? Vont ils être des êtres tout beaux tout mignons? Tu crois leur éviter la case bouteille?
Réfléchis abruti
Il y a encore tellement de choses à écrire mais je suis sure que tu n'en vaux pas la peine
J'espère ne jamais te croiser sur mon chemin, tu es un être ignoble et dangereux pour les gens qui t'écoutent.
Et bien, anonyme, vous avez l'air de quelqu'un de sympa, à vous lire, comme ça !
Mon cher anonyme, je suis ravi de voir qu'il y a encore des gens qui ne comprennent rien à l'ironie. Vous avez vraiment cru que vous aviez sous les yeux un texte écrit par une dame-patronnesse des ligues de vertu ? Vraiment, de nous deux, je ne sais pas lequel est le plus abruti... Retournez donc à l'école, avant- de comprendre un texte complètement de travers...
Ok, je n'avais pas decelé une seule trace d'humour dans ton texte, je l'ai donc pris pour argent comptant, d'autant plus que beaucoup de personnes malheureusement pensent et tiennent les propos que tu as développé ( à dérision ) dans ton texte. No souci,
Le fait de reprocher à Baudelaire de ne pas parler du binge-drinking ne vous a pas mis la puce à l'oreille ? Un peu anachronique, quand même...
Je me demande tout de même si "Anonyme" n'a pas retourné comme un gant votre ironie ; figure de style dont je ne connais pas le nom... Une manière de roulé-boulé à 360°.
Hic.
On dit "rouler bourré", monsieur Zukry.
Il faut toujours faire les enfants complètement bourrés puisqu'ils vous le rendront bien un jour ou l'autre !
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