Répéter entre nous, c’est bien
sympa, mais c’est pas comme ça qu’on va entrer dans l’Histoire. C’est Florian
qui nous a fait remarquer que maintenant qu’on a un groupe, il y a un truc
qu’on peut pas louper, c’est la fête de la musique. Après tout, le 21 juin,
n’importe quel nul qui s’est acheté un djembé peut faire chier ses voisins
jusqu’à pas d’heure, alors je vois pas pourquoi on se gênerait.
Moi j’ai pensé quand même :
c’est pas mal comme idée, ça nous fera une raison supplémentaire d’angoisser,
en plus du bac…
Surtout qu’on s’y est pris au
dernier moment, évidemment. On savait même pas qu’il fallait d’abord aller se
renseigner à la mairie pour obtenir un emplacement. On pensait qu’il suffirait
de demander poliment aux patrons de bars, et qu’avec nos sourires de beaux
gosses, ça allait passer sans problème… Ouais. Sauf que début juin, les patrons
de bars avaient déjà une liste de groupes longue comme le bras ! Et des
groupes pas beaucoup plus mauvais que nous, en plus. Honnêtement, certains
avaient même l’air presque aussi bons.
On a quand même fini par obtenir
l’autorisation de jouer à la terrasse d’un troquet du centre-ville lavallois, à
égale distance des enceintes d’une discomobile tonitruante et d’une chanteuse
s’époumonant sur tout ce que la chanson française a pu commettre de plus criminel.
De Michel Sardou à Michel Fugain, en passant par Michel Cabrel et Michel
Nougaro… Au moins, perdus au milieu de tout ce bruit, on était
tranquilles : nos fausses notes passeraient inaperçues !
Installation du matériel et test de
la sono en fin d’après-midi, sandwichs avalés viteuf à côté de notre
emplacement, de peur qu’un type vienne chourrer la gratte d’Adrien (ou
pire : la désaccorder !), et à 20 heures, on était au taquet, chauds
comme des mamelons, prêts à envoyer du super lourd.
Sauf Florian, qui n’a rien trouvé de
mieux que de se faire une extinction de voix la veille. Une extinction de voix
en plein été. Ce mec est un miracle ambulant.
Du coup, il nous a regardés jouer
depuis le banc de touche, et Noémie a assuré au micro comme une pro. C’est pas
pour nous jeter des fleurs, mais on a été grandioses. Adrien n’a même pas cassé
de cordes, et moi je vous ai enchaîné de purs roulements de caisse claire que
même Lars Ulrich il aurait halluciné.
Bon. C’est vrai que la fête de la
musique, c’est l’occasion de jouer devant plein de monde… mais la plupart des
gens ne font que passer. C’est un peu comme si on remplissait le Grand Stade,
mais qu’il se vidait avant qu’on ait pu jouer. Heureusement que les copains
étaient là. Et aussi quelques curieux qui n’avaient visiblement rien de mieux à
faire que nous écouter. Ils ont peut-être aimé, si ça se trouve…
Tranzistor n° 51, automne 2013.
1 commentaire:
Je vais appeler la LICRA (ligue itinérante contre le rock ambulant) si tu continues à me casser les oreilles ...
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