mercredi 16 juillet 2008

Voyage à Rome (9/11)


Vendredi 16 juillet 2004.

Avec mon sacré journal, on ne peut pas dire que j’aie beaucoup dormi. Les nuits romaines sont courtes. Carine, à qui rien n’échappe, remarque d’ailleurs tout de suite que j’ai les yeux fatigués. Elle aussi a mal dormi, mais visiblement elle ne dormira correctement qu’une fois de retour à Montenay… Nous prenons le petit déjeuner à l’hôtel puis partons en direction de l’église Sainte-Marie Majeure. Avant de quitter l’hôtel, Carine, qui s’était mise en short, doit remonter se changer car les deux basiliques que nous allons voir aujourd’hui ne peuvent être visitées que vêtu décemment. Elle me confie son short que je mets dans mon sac et nous nous mettons en route, dans le tap, tap, tap de ses tongs. Nous découvrons Sainte-Marie Majeure par l’arrière. Son campanile est le plus haut de Rome. Nous la contournons pour y entrer : magnifique plafond à caissons, un magnifique Couronnement de la Vierge dans l’abside. Dans la nef de droite est censée se trouver la pierre tombale du Bernin, mais nous ne la voyons pas. Les coupoles des nefs donnent une extraordinaire impression de profondeur. C’est l’une des plus importantes basiliques de Rome avec Saint-Pierre, Saint-Jean de Latran et Saint-Paul Hors-les-murs. C’est encore un morceau de Vatican en plein cœur de Rome. Sa première pierre a été posée le 5 août 352, la Vierge ayant fait tomber de la neige à cet endroit pour faire comprendre au pape Libère Ier qu’elle voulait une église.

Sortis de Sainte-Marie Majeure, nous prenons la route de Saint-Jean de Latran. Celle-ci, nous l’abordons de côté. Nous y pénétrons par la nef de droite. Le baldaquin de l’autel est très impressionnant. Ce n’est évidemment rien à côté de celui de la basilique Saint-Pierre, mais c’est déjà une belle chose. Il renferme les crânes de saint Pierre et de saint Paul. Dans cette église, le pape est évêque de Rome. Dans le transept, immenses statues de marbre des douze apôtres. L’or de l’une des chapelles étincelle sous la lumière du soleil. Nous y restons un bon moment, puis nous quittons la basilique. Une petite pause sur les marches du monument, Carine se remet de la crème solaire, la bouteille d’eau circule ainsi que les barres aux fruits de Sébastien. Nous devons trouver un bus qui nous mène à la via Appia, mais nous n’avons plus de tickets. Je désigne les toilettes publiques à Carine qui va s’y changer (je me retrouve avec son pantalon dans mon sac), et nous entrons dans un bureau de tabac pour acheter des tickets. Ceci fait, nous montons dans le 218 qui nous dépose sous un soleil impitoyable au carrefour de la via Ardeatina et de la via delle sette Chiese (des sept églises), que nous empruntons pour aller voir la basilique Saint-Sébastien et surtout ses catacombes. C’est là que saint Sébastien fût martyrisé et c’est là qu’il fût enterré. Dès notre entrée, la dame du guichet nous propose une visite en anglais dans un quart d’heure. Apprenant que nous sommes Français, elle nous annonce que la visite en français vient justement de commencer. Nous rejoignons donc le groupe qui s’engouffre dans les catacombes. Je suis un peu déçu : pas d’os à se mettre sous la dent. Toutes les tombes sont vides. L’endroit n’est même pas glacé, nous nous enfonçons trop peu profond pour atteindre la fraîcheur. Il faisait bien plus froid dans la Maison dorée… L’endroit était tout d’abord voué à l’adoration des reliques de saint Pierre et saint Paul, avant d’honorer le martyre de saint Sébastien. Carine s’amuse de la petite taille du sarcophage (vide) du Saint, puisqu’elle se moque souvent de la taille de Sébastien. Ah ! Ces deux-là !… Incapables de rester tranquilles, de vrais gamins ! Après nous avoir fait remonter à la surface, la guide nous laisse dans la basilique où ceux d’entre nous qui ont des zooms dignes de ce nom et des flashes efficaces (c’est-à-dire Sébastien) peuvent prendre des photos. Il prend le gisant de son Patron, placé juste au-dessus de la crypte d’où nous venons, et Carine ne parvient pas, malgré son flash, à photographier la voûte trop élevée.

Nous ne ferons pas la via Appia : Carine n’a pas envie de trop marcher. Nous pensions en faire une petite partie et rebrousser chemin, mais il aurait fallu que cela soit une promenade, or avec ce soleil qui nous assomme et la fatigue accumulée, ce serait un calvaire. Nous décidons donc de reprendre le 218 pour nous ramener sur la piazza San Giovanni, devant Saint-Jean de Latran. Carine et moi allons nous renseigner dans la petite boutique de souvenirs près de l’arrêt de bus pour se procurer des tickets. J’ai à peine le temps de poser, en anglais, ma question : « Excuse me, do you… », que la vendeuse me répond : « No ! » Elle m’apprend que pour obtenir des tickets de bus, je dois me renseigner à la boutique des catacombes de San Callisto, juste en face. J’ai trouvé un peu cavalière sa manière de me montrer qu’on l’emmerdait à longueur de journée à lui poser la même question, mais nous allons chercher nos billets et le 218 arrive immédiatement. Il y a très peu de monde, nous pouvons nous asseoir tranquillement, reposer un peu nos carcasses. Quo vadis ? On va se faire crucifier ailleurs…

Piazza San Giovanni, je remplis ma bouteille d’eau à la fontaine la plus proche et nous nous lançons en direction des thermes de Caracalla. Nous payons cinq euros le droit d’entrer dans ce jardin rempli de murailles gigantesques de pierres roses, vestiges impressionnants que nous visitons très vite, puisque beaucoup de barrières sont dressées pour empêcher le visiteur de visiter. Quelques mosaïques, ça et là, et le soleil entrant à flot dans l’apodyterium. Contre les thermes, une scène a été montée pour une représentation de Nabucco. Nous sommes un peu écœurés d’avoir payé pour regarder de vieilles pierres, certes immenses, mais qui ne nous enseignent pas grand-chose. Nous rejoignons le Circus Maximus, que nous longeons un peu avant de reprendre le métro. Sébastien prend un billet, mais en voulant en prendre pour moi et pour Carine qui n’a plus de monnaie, je m’aperçois que le distributeur ne fonctionne plus. Il a avalé ma pièce de deux euros, il a fait mine d’imprimer les billets… et rien. Donc nous resquillons une fois de plus (mais j’ai payé tout de même, j’ai donc ma conscience pour moi). Une floppée de jeunes filles anglophones court vêtues pénètrent dans notre voiture et nous nous retrouvons serrés comme des sardines marseillaises. Tout ce petit monde sort en trombe à Termini, c’est comme une bouteille de champagne qu’on a agitée en signe de victoire, et nous rentrons à l’hôtel. Il est à peine 19 heures, nous donnons rendez-vous à Carine à 20 h 30, ce qui me laisse le temps de commencer à rédiger mon journal : ce sera toujours ça de moins à faire ce soir. Sébastien, lui, s’endort : ce sera toujours ça de moins à faire cette nuit ?

C’est peut-être la dernière fois que nous mangeons au Rossi. Le serveur francophone, en nous voyant arriver, se met tout de suite à nous parler français, nous installe une table en terrasse — dans le passage, pour bien gêner les gens, j’adore ça — et avant même que nous ayons commandé, nous dit : « Une eau naturelle et trois jus d’orange ! » Nous sommes des habitués qui s’en vont bientôt. Je prends un plat de rigatoni alla Papalina (petits pois, jambon, fromage et une sauce à base d’œuf), Sébastien une pizza au thon, Carine des bruschettes al salmone (pain grillé au saumon) et du jambon. En dessert, nous prenons de la glace et pour finir… comme à Istanbul nous avions goûté le raki, nous voulons, à Rome, goûter la grappa. Trois piètres buveurs comme nous, c’est un peu idiot… L’odeur est très forte. Allez, on se lance pour la première gorgée, qui brûle tout sur son passage — infect, ce truc : autant boire un insecticide ! Mais bon, il faut mettre fin au supplice, et on en vient à bout en trois ou quatre gorgées. Hilares devant nos têtes écoeurées, on paye l’addition. Sébastien, grand prince, veut laisser 60 € alors que le repas n’en a pas coûté 57, mais le serveur nous appelle alors qu’on s’en va : il n’y avait que 50 € dans la coupelle qu’on lui a tendue. On croit faire plaisir, et voilà…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On parle anglais à Rome ? Bon je ne voyais pas l'Angleterre descendre si bas en latitude mais je n'ai jamais été très fort en géographie ...

iPidiblue romain d'adoption depuis quelques jours

Raphaël Juldé a dit…

Que voulez-vous ? J'ai fait allemand en deuxième langue...

Anonyme a dit…

Vicieux !


iPidiblue pas fort en langues