samedi 7 juillet 2007

Voyage à Istanbul (13/15)


Vendredi 18 juillet 2003.


Habituel petit déjeuner à l’hôtel, vers dix heures. Derrière nous s’installent deux brunes, anglaises peut-être, dont l’une a un assez joli minois et une assez jolie poitrine, et l’autre pas de culotte sous son pantalon de pyjama rouge. Elle nous montre la raie de ses fesses alors qu’elle est assise. Thank you, miss.

D’Istanbul, nous n’avons plus grand-chose à découvrir. Il y a tout ce qu’on n’a pas vu bien sûr, et qu’on ne verra pas. Mais il s’agit surtout maintenant de retourner sur les lieux que nous avons aimés, que nous aurions aimé connaître mieux. Petite promenade tranquille à l’ombre du parc de Gülhane, près de l’église Sainte-Irène. De là nous allons sur la Pointe du Sérail, devant la statue d’Atatürk qui fixe on ne sait trop quel point de l’horizon. Nous observons un peu le trafic des bateaux sur l’embouchure de la Corne d’Or, sous un ciel un peu terne, puis nous longeons les remparts en direction de la Petite Sainte-Sophie. Une petite erreur d’orientation et nous nous retrouvons, surpris, devant la terrasse du Doy-Doy. Nous bifurquons et nous sommes poursuivis par un gérant d’hôtel qui veut nous proposer une chambre. Je lui dis en anglais que nous avons déjà un hôtel, il veut savoir son nom et « how much ? » Sébastien rigole et conclut : « We leave tomorrow… » L’autre n’insiste pas mais continue de nous suivre, comme s’il voulait prouver que s’il était sorti de son hôtel ce n’était pas pour se précipiter sur nous, qu’il avait vraiment quelque chose à faire dehors…


Arrivés devant la Petite Sainte-Sophie, je manque m’étaler de tout mon long en trébuchant sur un pavé ou une bulle de fer fixée dans le sol pour stopper les voitures. Je ne sais pas comment j’ai fini par retrouver l’équilibre, mais je sais que l’espace d’un instant je me suis retrouvé parallèle au sol et que les deux parallèles, pour faire mentir la règle, n’ont pas été très loin de se rejoindre. Il aurait sans doute fallu filmer la scène et la repasser au ralenti pour percer à jour le mystère des lois de la gravité…


Deux ouvriers malins qui travaillaient à l’intérieur de la mosquée en plein ravaudage (comme sa grande sœur) nous demandent à tous les deux un million de livres turques pour monter sur la galerie et regarder l’intérieur. A contrecoeur, nous nous exécutons – allez discuter avec des Turcs… - et pouvons donc voir les monogrammes de Justinien et de l’impératrice Théodora, la frise en grec qui s’étend le long des murs de la galerie, et les dégradations surtout, dues à l’humidité et à la fragilité du terrain. La moitié de la mosquée est envahie par des échafaudages, comme l’autre Sainte-Sophie.


Nous continuons notre route jusqu’au Grand Bazar, dans lequel nous nous enfonçons à la recherche de souvenirs. J’ai déjà quelques idées de cadeaux, notamment pour ma mère et pour Maëva, mais c’est surtout Carine qui nous pose problème, à Sébastien et à moi. L’atmosphère est très vite irrespirable dans le Grand Bazar : nous ressortons sur le parvis de la Mosquée Neuve et traversons le pont de Galata, non sans avoir acheté un verre de jus de cerise à un porteur en costume traditionnel, avec son harnachement de quincaillerie dans le dos… Le Tünel nous porte sur Istiklal Caddesi et nous continuons notre quête en plein air, sous le soleil. Je trouve assez vite un livre sur Istanbul pour ma mère ainsi qu’une petite enluminure, et nous cherchons ce qui pourrait plaire à Carine. Un bijou ou une peluche, c’est ce qu’elle nous a dit, et nous penchons plutôt pour le premier choix. Pour mon frère et pour les Vannier j’achète une boîte de loukoums dans la même pâtisserie que celle où nous les avions pris la dernière fois puis, dans un magasin de jouets, j’achète une poupée qui fait la danse du ventre pour Maëva. Elle n’est pas très belle, cette poupée, mais comme Maëva adore la danse du ventre…


Nous nous posons dans le Coco-Gramofon, je commande un jus d’orange pressé et Sébastien une bière. Il tente de photographier le chat du patron qui se lèche sans s’occuper du reste et finit par s’endormir. Nous terminons par un café turc et retournons sur Eminönü. Dans le souterrain qui passe sous le tablier du pont, je sens qu’on ouvre la fermeture d’une pochette de mon sac. Je me retourne : deux jeunes morveux prennent un air innocent… Désolé, les gars, ce n’est pas là que je planque le magot ! Nous traversons de nouveau le Grand Bazar et lorgnons sur les devantures des bijouteries. Toujours rien. Ca devient énervant, ça fait plusieurs heures qu’on cherche en vain. Un type, hilare, se touche le menton en fixant ma barbe : « Hey ! Religious man ! » On retourne à l’hôtel, on essaie de résoudre le « problème Carine », de nous mettre en mesure de trouver ce qu’on cherche demain matin au plus tard.


Retour au Doy-Doy, bondé ce soir. Je prends un Iskender, il met une bonne demi-heure à arriver. A côté de nous s’assoient un homme et trois femmes qui s’expriment en anglais. La plus proche de moi est une blonde trop bronzée à la peau recouverte de taches de rousseur. Minijupe et décolleté, seins d’un calibre intéressant, mais bof… Elle commence à faire un scandale aux serveurs parce que sa commande est longue à arriver. Nous commandons des kadayif en dessert, pâtisserie extrêmement sucrée et pleine de sirop, assez proche du baklava. Toutes les pâtisseries sucrées ont l’air d’être assez proches, d’ailleurs…


Nous assistons encore à un feu d’artifice au loin, sans l’entendre. Sébastien est pris de fou rire à cause d’un serveur qui ne cesse de courir de table en table et que nous rebaptisons Marielle Goitschel. Nous goûtons au thé à la pomme : ce n’est décidemment pas du thé. Petit pourboire à l’un des serveurs en sortant et nous rentrons à l’hôtel où je me précipite aux chiottes pour me vider les intestins.

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