dimanche 6 juillet 2008

Voyage à Rome (Prologue)

[Comme l'année dernière, à peu près à la même date, je rediffuse des épisodes de l'époque où j'avais quelque chose à dire. Ainsi, j'espère contenter les nostalgiques de mon journal intime... Voici donc le nouveau feuilleton de l'été, qui me renvoie à ma jeunesse pleine d'espoir. Au moment où s'ouvre cette histoire, je viens d'achever un manuscrit qui déjà m'est renvoyé comme un boomerang par les maisons d'éditions, et de pénétrer, les yeux plus grands que la porte, dans le monde merveilleux de la critique littéraire. Fort de ces multiples expériences, le génie s'apprête à prendre quelques jours d'un repos bien mérité...]

Mardi 6 juillet 2004.

Je devais passer chez Marie et Bertrand aujourd’hui, mais Sébastien m’appelle pour me proposer de dîner au restaurant avec Carine afin de fêter comme il se doit notre proche départ. J’irai donc demain prêter à Marie mon manuscrit de Quelques personnages inutiles. Carine arrive vers huit heures, elle essaie d’ameuter tout l’immeuble en posant un doigt délicat sur le bouton de l’Interphone pendant au moins trente secondes. Ce qui est long, pour une sonnerie d’Interphone, très long. Sébastien n’est pas encore arrivé, elle est très fière visiblement d’avoir pu le devancer sur ce coup-là. En fait, il n’est pas très difficile de contenter Carine. Elle me demande ce que je deviens depuis jeudi, je lui montre le Journal de la culture — puisque c’est à peu près tout ce que je suis devenu depuis jeudi —, elle le survole un peu, mais préfère se concentrer sur mon Guide du routard. Il lui paraît primordial de savoir dire « chocolat » en italien. Sébastien arrive, nous causons un peu du Journal de la culture tandis que Carine tente de repérer notre hôtel. Puis nous levons le camp, direction le Pékin. Il nous semble judicieux de manger chinois avant de partir en Italie. Sébastien se moque de la manière avec laquelle Carine mange ses crevettes. Je ne sais même pas comment on mange des crevettes, donc je fais preuve d’indulgence envers ma mie. Sébastien, lui, mange son riz avec sa fourchette et sa viande avec ses baguettes. J’ai fait le choix de ne pas me compliquer la vie ce soir : je déguste mes nouilles chinoises à la fourchette. J’ai commandé du porc à la sauce cantonaise et laisse dans mon plat une certaine quantité de mes légumes, ce qui n’échappe pas à l’œil sagace de mes amis qui ont un peu trop tendance, parfois, à oublier qu’ils ne sont que des personnages de mon journal et à juger leur auteur avec un brin d’effronterie. Sébastien tente de faire s’étouffer de rire Carine en lui racontant pour la centième fois notre séance de hammam à Istanbul et la serviette trempée de sueur qui avait une fâcheuse tendance à laisser apparaître les coins les plus blanchâtres ainsi que les plus intimes de mon anatomie. Carine me reproche à tort de n’avoir pas noté cela dans mon journal. Moi, oublier de noter à mon propos un détail particulièrement ridicule ? C’est bien mal me connaître !... Un thé à la menthe plus tard, nous quittons le restaurant où nous avons encore bien ri, ce qui est toujours ennuyeux pour la digestion. Carine a le hoquet, Sébastien lui conseille d’inspirer profondément avec la bouche grande ouverte, ce qui marche immédiatement. J’ai bien fait d’inventer ce personnage-là : il connaît des trucs qui pourront toujours me resservir. Comme nous restons à discuter sur le parking de la place de la Commune où Carine doit récupérer sa voiture, et que les plaisanteries s’accumulent, les plus mauvaises étant souvent les plus hilarantes, je leur propose, pour ces dix jours romains qui s’annoncent hauts en couleuvres, un petit jeu très simple mais qui risque assez vite de devenir insupportable : sitôt qu’une pique dirigée contre l’un d’entre nous sera jugée exagérée ou injuste par son destinataire, celui-ci n’aura qu’à s’exclamer : « Compliment ! » et l’auteur de l’offense devra lui faire un compliment, et un compliment crédible, bien évidemment. On pourrait très vite s’arracher les cheveux à ce petit jeu-là, ce qui promet des moments très amusants…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, oui, bien plus hard que last exit. Très glauque le "haut en couleuvre" (irrésistible évidemment). Et bien la suite oh diariste romain - (ceux qui vont lire ...)

Restif, lecteur de la croisière s'amuse.

Anonyme a dit…

Tu n'as jamais pensé à te faire admettre pensionnaire à la Villa Médicis ?
Si tu es beau garçon tu auras peut-être quelque ouverture auprès de Frédéric Mitterrand ... et plus si affinités !

iPidiblue chambre d'ami avec vue sur Rome

PS Désolé Restif m'a brûlé la politesse !

Anonyme a dit…

Rome, unique objet de mon assentiment ... comme disait si bien Frédéric Mitterrand !


iPidiblue cornélien à ses heures quand il n'est pas juldéen